Pages glacées

Et si on renouait avec une tradition journalistique ancienne ?

Si on conjugait pour rire, internet et feuilleton, dont chaque épisode se termine par "Aaah ! Mon Dieu !", "Non, pas ça !", "Toi ? Aaargh !"
C’est l’idée pour 2011 : un roman policier palpitant, dans le monde de la presse avec meurtre ignominieux.
Voici donc Pages Glacées pour les lecteurs du Monde comme il va : luxe, ragots et cruauté.
Trois fois par semaine.

  • 61 Des fleurs, des fruits et des branches

    “Quels pommiers ?” demanda Vogel manifestement plus à l’aise sur ce que représentaient ces histoires de plantations que dans l’univers de la presse.
    “Le verger du presbytère ! Derrière le bâtiment, il y a un magnifique verger avec des pommiers centenaires. Au printemps, il y a les fleurs et à l’automne, on fait le cidre. Ce sont de bonnes petites pommes râpeuses qui font un cidre un peu trouble mais qui a du goût. Comme il n’y a plus de curé depuis une dizaine d’années, chacun allait cueillir ses (...)

  • 62 Le petit porno du dimanche soir ?

    Finalement, après un déjeuner rapide, ils se firent accompagner par Lelièvre au presbytère, situé au bout d’une allée bordée de bonnets d’évêque et de ronces dénudées. La grille avait été non seulement fermée mais renforcée et Beaudoin comprit la rancœur des gens du pays. Il y avait quelque chose d’insultant dans ces barres transversales neuves, dans les superpositions de barbelés et les caméras.
    “Il ne manque que les miradors”, fit-il remarquer.
    “Et le champ de mines !” ajouta Vogel.
    Le chef jardinier (...)

  • 63 La chambre de Barbe-Bleue

    “C’est la chambre ?”
    “Je ne sais pas. Je n’y suis jamais entré. Ni personne ici.”
    “Comment ça ? Quelqu’un a bien fait les travaux ?”
    “Personne d’ici.”
    “C’est mieux que le château de Barbe-Bleue ici. Il y a une petite clef ?”
    “Je ne sais pas, moi. Je vous dis que personne ici n’est jamais entré.”
    La porte s’ouvrit sans difficulté sur une autre, capitonnée elle aussi et finalement sur la chambre. La pénombre régnait et ils cherchèrent le commutateur à tâtons le long des murs capitonnés également. Finalement, (...)

  • 64 SM pour troisième âge

    Ils n’eurent pas le courage de visionner la collection complète mais se promirent de le faire faire à Paris. Ensuite, après une visite au reste du presbytère qui ne leur apprit rien de plus, ils se rendirent chez le garagiste de Nogent-le Rotrou qui, s’il ne put leur donner le nom de l’hôte favori des Lannois, connaissait le numéro de sa Peugeot.
    “Allez on rentre, je suis crevé, j’ai un diner ce soir chez la sœur de ma femme et j’en ai assez vu pour la journée !” dit Vogel.
    Ils embarquèrent les (...)

  • 65 Râââh ! Hommage à Gotlib

    “Je te prendrai de gré ou de force !”
    “Inutile de résister, voilà pour toi !”
    “Prends-la, esclave ! Et par derrière !”
    “Râââh !”
    etc...
    Jean-Charles ne prenait que par derrière et Beaudoin se demanda si le physique très particulier de Lucile y était pour quelque chose : il n’avait jamais vu de fesses pareilles, une telle masse ne se voyait que dans le Satyricon de Fellini.
    “Epargne-moi maitresse ! Je suis à toi.”
    “Punis-moi si tu le désires, voici ton fouet.”
    “Qu’on l’attache !”
    “Râââh !”
    Les scènes (...)

  • 76 Aimez-vous Mozart ?

    Rabroué comme un gamin, il s’exécuta et commença à grimper les étages à pied. Parvenu au cinquième, il entendit de la musique à travers la porte laquée bleu outremer et resta figé, sans oser faire un pas de plus ni appuyer sur la sonnette. Il se sentait pris en flagrant délit d’indiscrétion. C’était comme s’il surprenait un pan de sa vie où il n’avait rien à faire. Cet opéra qui filtrait légèrement dans l’escalier lui faisait le même effet que s’il l’avait surpris dans son bain. S’il sonnait, ce serait une (...)

  • 66 Qui drague qui ?

    “Connaissait-il Lucile et Louis Lannois ?”
    “Aucune idée. Tout le monde connaissait Lannois. Lucile, cela m’étonnerait. Elle n’était pas une flèche tandis que Charlotte avait la réputation d’être un crack dans son domaine. Elle était très femelle et je ne les vois pas non plus s’échangeant des recettes de beauté. Non, Balinaud c’est plutôt magouilles affaires. Il est soupçonné d’être au mieux avec certains lobbies et d’en vivre très confortablement.”
    Devant son étonnement, elle ajouta par pure provocation : (...)

  • 67 Déjeuner au Louis XIV

    Il acquiesça, soulagé de la voir se détendre à nouveau. Lorsqu’ils arrivèrent au Louis XIV, le patron la salua et elle partit "faire la bise" à plusieurs tables d’où elle était hélée.
    “Chérie, quand se fait-on une bouffe ?”
    “Dis donc, cocotte ne m’oublie pas, j’ai reçu mes protos du printemps.”
    “Ne me dis pas que le beau ténébreux qui t’accompagne travaille dans la mode !”
    “Quand viens-tu voir mes collec’ ?”
    Alex qui riait sans faire de promesses, lui fit signe de monter à l’étage. Il restait une table à une (...)

  • 68 Sous l’œil du Roi-Soleil

    “Le groupe Saunders va déménager aussi ?”
    “C’est prévu pour le printemps prochain. Un immeuble orgueilleux entre Pompéi et la maison de maçon à la Bouygues, au milieu de champs de betteraves. Personne ne vous en parlera parce que c’est la honte et la déprime de quitter ce quartier pour Villepinte. Les autres groupes ont le bon goût de s’installer à Issy-les-Moulineaux ou à Levallois, mais la banlieue nord, quelle disgrâce !”
    “Et vous ?”
    “Moi quoi ? Je n’ai pas peur du RER et puis je suis comme une plume (...)

  • 69 La capote de discorde

    Sur ce trottoir étroit, ils semblaient incrustés l’un dans l’autre malgré les vêtements d’hiver. Ils voulaient se sentir des pieds à la tête, elle appuyait sa cuisse entre ses jambes, il touchait ses seins, sa nuque, ses fesses en un mouvement affolé, la plaquant contre sa poitrine. Il la voulait là, devinait sa taille, la douceur de sa peau, le parfum de ses cheveux. Elle tremblait maintenant de tous ses membres, les narines dilatées. Il s’écarta d’elle, jeta un coup d’œil à la rue et avisant un (...)

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