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69 La capote de discorde
19 juillet 2011
Sur ce trottoir étroit, ils semblaient incrustés l’un dans l’autre malgré les vêtements d’hiver. Ils voulaient se sentir des pieds à la tête, elle appuyait sa cuisse entre ses jambes, il touchait ses seins, sa nuque, ses fesses en un mouvement affolé, la plaquant contre sa poitrine. Il la voulait là, devinait sa taille, la douceur de sa peau, le parfum de ses cheveux. Elle tremblait maintenant de tous ses membres, les narines dilatées. Il s’écarta d’elle, jeta un coup d’œil à la rue et avisant un porche, il la prit par la main. C’était un hôtel particulier, il lui fit grimper les étages jusqu’au dernier, sonna à la porte de l’atelier de confection. Personne ne répondit. Elle lui souffla :
“Tout le monde déjeune, il n’y a personne.”
Alors, il l’appuya au mur fissuré, écarta sa pelisse, remonta sa jupe jusqu’à la taille et tomba à genoux sur le tapis râpé. Quand il fit glisser son collant et son slip et qu’il découvrit son ventre, elle poussa un gémissement douloureux. Quand il caressa son sexe de son doigt, elle s’affaissa contre le mur. Sa peau blanche contre la doublure de fourrure noire était comme un tache de lumière sur ce palier crasseux dont il ne pouvait décoller ni ses yeux, ni ses mains. Il finit par se relever et commençait à se déboutonner quand elle articula :
“Mets un préservatif.”
“Je n’en ai pas ! Ecoute...”
“Ecoute rien ! Putain, ne reviens plus m’emmerder.”
Dans le même mouvement rageur, elle remonta son slip, son collant et baissa sa jupe, prête à pleurer de déception, de fureur, de désir.
“Alex, je n’ai rien, je le sais bien.”
“Pauvre connard ! Tu as déjà vu des gens qui avaient le sida ? Moi oui ! Des copains même, et qui en sont morts, alors oublie-moi.”
Elle descendit l’escalier en courant. Les larmes de frustration commencèrent à l’aveugler et parvenue dans la cour, elle s’arrêta net.
“Ne me fais plus jamais ça ! Tu n’as aucun droit de débouler dans ma vie avec ta belle gueule et ton insouciance. Organise-toi un peu, achète des préservatifs et on en reparlera mais maintenant, laisse-moi. J’ai juste envie de crever.”
“C’est compris. Je t’appellerai.”
“Bientôt ?”
Elle lui fit face une dernière fois, les lèvres gonflées et les joues écarlates et partit vers la rue Croix-des-Petits Champs.
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