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A lire…ou pas
31 mai 2022
Depuis quelques temps, j’enregistre des livres pour l’association Valentin Haüy au service des aveugles et malvoyants. A cette occasion, j’ai dû lire le dernier best seller du Dr Frédéric Saldmann :La Santé devant soi. Le secret millénaire qui va changer votre vie [1].
J’ai toujours aimé raconter des histoires aux enfants, depuis que j’ai su lire, mes neveux et nièces, les gamins qui s’ennuyaient comme moi sur la plage, mes enfants ensuite et maintenant mes petits enfants.
Médecin des stars
Le dernier en date, que j’ai choisi car je pensais qu’il m’intéresserait – c’est mieux pour mettre le ton ! – était le récent best-seller du Dr Frédéric Saldmann, le monsieur qui mouline son art de vivre ad nauseam. Pourquoi celui-là ? Parce que j’avais lu dans la presse qu’il était le “médecin des stars” (Karl Lagerfeld s’en portait garant) ? Parce qu’il avait une tête sympathique ? Parce que le titre et la quatrième de couverture m’alléchaient ? Un peu tout ça…
Grosse attente
Il était question de médecine ayurvédique – je suis pitta vata ai-je appris en Inde – de mystères égyptiens et de rituels japonais… Une médecine voyageuse comme moi ? Je m’y lance.
Au début, je me laisse porter par un texte fluide qui parle de puissance cérébrale et protectrice, des liens entre cerveau et immunité. J’aime bien : “Malédiction vaudoue : si c’était vrai ?” Honnêtement, j’ai déjà lu ça ailleurs mais j’attends qu’il me décrypte des énigmes sibyllines venues des profondeurs des rites mayas ou aborigènes. J’aime beaucoup l’évocation des paniers d’offrandes de fruits de Doum retrouvés en Crète. Je cherche avidement “fruit de Doum”…
A la Grande Epicerie
C’est un gros livre, 300 pages, et passés les deux premiers chapitres, sympathiques déclarations d’intention, on aborde le dur, “les mystérieuses formules qui font maigrir”. Rien à dire sauf quand arrive “la soupe de riz coupe-faim” d’où le riz est curieusement absent, et là, je commence à penser que la relecture a été faite à la va-vite, par des petites mains indifférentes. Peut-être sous payées. Peu à peu, il me semble reconnaitre les anecdotes écrites par Saldmann lui-même qui explique qu’il aime particulièrement le miel des abeilles noires de Sicile : si vous n’allez pas en week-end en Sicile, seule la Grande Epicerie du Bon Marché doit pouvoir vous en procurer pour une somme modique. Comme celui de manuka, en direct de Nouvelle-Zélande.
Vive le chocolat !
Pour se débarrasser de cette appétence coupable pour le chocolat que beaucoup partage, Saldmann conseille une technique étrange : s’en bourrer alors que nous n’avons plus faim, histoire de s’en dégoûter une bonne fois en l’associant à des vomissements et des nausées. Il paraît que les décharges électriques dans les tétons fonctionnent bien aussi. Et si moi je veux garder mon plaisir de croquer du chocolat de temps en temps ? Il suffit souvent de ne pas en avoir chez soi pour juguler ses envies.
Autre problème, il ne cite pas ses sources et n’hésite pas faire des copier-coller quand il aborde la question du tabou des règles en Afrique (p.225).
Statistiques mon amour
Au fil des pages, j’ai fini par me noyer sous les statistiques genre : une étude australienne montre que les centenaires sardes qui se nourrissent de brochettes d’escargots sauvages et de fromage de brebis depuis dix ans ont 26% de chance de vivre 7 ans de plus tandis que que les femmes de 23 à 48 ans qui prennent des hamburgers trois fois par semaine ont 42% de risque de mourir plus tôt. Ce sont “des chercheurs”, “des scientifiques” du Chili, du Canada, de Moldavie et d’ailleurs qui étudient la qualité de vie des hommes mariés appartenant à l’Eglise adventiste qui font du sport en salle…
Résultat ?
Un doute m’étreint : ces bavardages sans fin ne seraient -ils pas l’œuvre des petites mains, justement ? Les expériences sur les pigeons ou les praires de l’Antarctique n’apportent pas grand chose au genre humain…
Au final, j’ai retenu qu’il fallait pratiquer sa gym à jeun, avoir des orgasmes secs, faire sa prière, se doucher à l’eau froide… le reste ? Aucun souvenir. C’était soit incompréhensible à cause des chiffres dans tous les sens où je ne me reconnaissais pas, soit banal car je l’avais lu cent fois dans la presse féminine. J’ai mis dans le même panier le misogi, la sexualité heureuse, la soupe tibétaine et les trente-sept fraises ! Et tant pis pour mes rites mystérieux…
[1] Robert Laffont, 19€90
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