PARIS

Derniers jours

23 avril 2016

Jusqu’au 24 juillet, le musée du Quai Branly nous emmène à la découverte de cet archipel mystérieux, les Marquises, que l’on connait vaguement pour avoir abrité les derniers jours de Paul Gauguin et de Jacques Brel. Cette importante exposition est donc une belle surprise !

Il semble que les commissaires aient voulu présenter une image complète des Marquises, montrant aussi bien les œuvres pré-européennes que l’artisanat d’aujourd’hui, fabriqué pour les touristes, avec, entre autres, une hideuse guitare en bois vernis.

Pour les chercheurs

Le problème des arts polynésiens traditionnels est que souvent les objets les plus précieux sont aussi les plus petits et sont donc très difficiles à mettre en valeur. D’autre part, on regrette un peu le minimalisme de la muséographie pour ne pas dire pire. Salles grises et explications trop courtes, la séduction n’est pas au rendez-vous. Le magnifique casse-tête ancien, l’une des pièces les plus remarquables de cette exposition, n’est pas mieux traité que des objets moins rares. Même chose pour une merveilleuse trompe en coquillage. Quant à la bague en os humain recueilli par l’amiral Dupetit-Thouars, elle est perdue au milieu d’une vitrine horizontale. Le grand public risque de sortir frustré de ce Mata Hoata d’autant plus que les explications sont bien souvent insuffisantes : par exemple, rien n’est dit sur les échasses qui font l’objet d’un tabou les interdisant aux femmes et dont on ne sait à quoi elles servaient.

C’est loin la mer ?

On s’étonne aussi que la mer soit presque totalement absente de cette exposition sur ce peuple de marins : deux maquettes de pirogues et deux figures de proue ne rendent pas justice au génie polynésien dans la construction des navires. On s’étonne d’ailleurs de ne pas trouver de prêt du Musée de la Marine qui recèle une collection extraordinaire de pirogues du Pacifique [1].
La vitrine où est exposée la splendide parure de guerrier compense un peu toutes ces insuffisances ainsi que la salle des tiki en cercle mais l’ensemble souffre d’un manque de rigueur dans les choix. On a voulu tout montrer un peu : trois cents pièces, des pilons, des tikis, un Gauguin, des gravures de tatouage, bols à kava, livres, tambours...

Belle Marquise vos beaux yeux...

Mais quelles sont donc ces mystérieuses "marquises" ? Même si la France est connue pour ses jolies marquises et ses petits marquis poudrés, ces Marquises-là sont espagnoles : en effet les îles furent découvertes par Álvaro de Mendaña en 1595. Il leur donna ce nom en l’honneur de son protecteur, le vice-roi du Pérou, García Hurtado de Mendoza, marquis de Cañete.

[1Exposition en 2010 au Musée de la Marine : Tous les bateaux du monde, la fabuleuse collection de l’amiral Pâris

Bookmark and Share flux RSS


form pet message commentaire
Qui êtes-vous ?