PARIS

Le Musée de l’Humain ?

28 octobre 2015

Après six années de travaux, le Musée de l’Homme rouvre ses portes. Le Monde comme il va est allé le visiter, deux fois pour vérifier la première impression. C’était vide parce que ce n’était pas fini, ou vide parce que c’est le concept ? C’est le concept.

En fait, ce Musée de l’Homme tout neuf a la tâche redoutable d’être un modèle de politiquement correct. C’est même un musée politique. Tout est pesé, réfléchi et une fois ce travail fait scrupuleusement, il n’y a plus grand-chose à montrer.

Invitation au voyage

On se souvient des galeries de ce superbe bâtiment qui permettaient de voyager de continent en continent, de découvrir comment les hommes vivaient ici ou là, près de nous ou carrément loin. On pouvait rêver des bords du lac Titicaca avec les barques de roseaux, du Grand Nord avec les kayaks esquimaux. En circulant d’une salle à l’autre, on changeait d’horizon : il y avait le trône d’un roi d’Abomey, la maquette d’un village amazonien, un impressionnant calendrier aztèque et on se sentait aventurier. Quelque chose entre Tintin et Indiana Jones pour la curiosité insatiable. On pouvait comparer les relevés de peintures rupestres du Tibesti avec celles des Eyzies ou d’Afrique du Sud, comparer les bifaces trouvées en France avec d’autres découvertes en Tanzanie ou au Kenya. C’était riche, touffu limite indigeste, mais on en prenait plein les yeux et on avait envie de partir quelque part, là-bas !

Le choix de l’uniformité

Le Musée de l’Homme new style (staïle) ne connait plus les continents, pas plus que les... races, vous savez le super-gros mot qu’il faut éradiquer de nos dictionnaires et de nos têtes, le truc qui veut dire que tous les êtres humains ne sont pas des clones indiscernables. Donc il n’y a plus de différence nulle part et bien sûr "on ne nait pas homme ou femme, on le devient" ! Celui ou celle ou je-ne-sais-quoi, l’être humain non identifiable qui a écrit ça n’a jamais rencontré de petits, tout petits enfants appelés, autrefois, avant que l’on sache à quel point c’était réducteur et discriminatoire, garçons et filles. Nions donc ce qui faisait la richesse de l’humanité, ce pourquoi on se disait "plus tard j’irai au Ladhak : les femmes y ont des parures de turquoise époustouflantes" . 1) Le Ladhak, c’est comme Montargis, pas mieux, pas pire, 2) les femmes ? Connais pas. D’ailleurs l’être humain est en T-shirt de récup, short et tongs all over the world.

Merci Charles Cordier

Rien à sauver donc dans ce musée vide au militantisme de plomb ? Si, les bustes magnifiques de Charles Cordier quand il voulait montrer la richesse et la diversité humaine et les moulages de têtes, très bien mis en scène. En cherchant dans les coins, on retrouve un samourai coincé dans un micro- vitrine mais on ne demande pour qui a été conçu ce Musée de l’Homme. Pas pour les enfants à cause des cires anatomiques et des écorchés qui font peur, comme cet éléphant éventré alors que l’abondance de bornes interactives les ciblent plutôt. Non, c’est un musée par des chercheurs et pour des chercheurs... dommage.

Le Musée de l’Homme est ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h, le mercredi jusqu’à 21h.

17, Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75116 Paris
01 44 05 72 72

Plein tarif : 10 €
Tarif réduit : 8 €

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