PARIS

Histoire d’os

13 avril 2015

L’actualité nous emmène dans un quartier où le trafic d’os fait rage : gros plan sur la montagne Sainte-Geneviève !

Nous connaissons tous la silhouette du Panthéon, l’ancienne église Sainte-Geneviève imaginée Soufflot, devenue une sorte de cénotaphe géant pour saints laïcs. Aujourd’hui son dôme est chapeauté d’échafaudages ce qui ne le rend pas plus séduisant mais là n’est pas la question.

Cercueils vides

En fait, l’état a décidé de faire entrer deux femmes dans le temple des grands hommes, Geneviève de Gaulle, nièce du général, et Germaine Tillion, toutes deux résistantes. Mais les familles ne sont pas d’accord. Ce qui arrive de temps en temps : dernièrement la famille d’Aimé Césaire a également fait savoir que le poète était très bien à la Martinique ! Que faire alors ? Une sorte de farce un rien morbide. Comme l’écrit l’Obs du 13 mars : "Les cercueils des résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz entreront au Panthéon le 27 mai sans leurs dépouilles, conservées dans les cimetières de Saint-Maur-des-Fossés (Val de Marne) et de Bossey (Haute-Savoie) à la demande des familles". En clair, on va porter en grandes pompes une boite vide au Panthéon. Quelle taille pour mettre du rien ? Portée à dos d’hommes ? Six pour faire solennel ou deux, un à chaque bout, comme pour un banc ? Ou alors on fait ça à la chinoise, un faux cercueil en papier avec un fusil en papier pour la fête des morts... Qui va se déranger pour faire un discours devant du rien ? Qui va remplacer Malraux dans son célèbre éloge : "entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège." ?

Crypte pleine

Mais tout prend une saveur encore plus piquante quand on apprend qu’à un jet de pierre de ce bizarre monument où on fait de faux enterrements, il existe des os qui trainent dans une crypte. Celle de Saint-Etienne-du-Mont, connu pour son jubé, sa chasse de Sainte Geneviève, patronne de Paris... Wikipédia ajoute "L’église accueille également les dépouilles […]du peintre Eustache Le Sueur et de Pascal. Celles de Racine et d’Isaac Lemaistre de Sacy sont également transférées en 1711 de Port-Royal à Saint-Étienne." Que du beau monde, non ?
Mais voilà, on ne sait trop comment, les "dépouilles" de Pascal et de Racine, semble-t-il, sont en vrac dans la crypte... Cela ne doit pas les bouleverser aujourd’hui mais quelle ironie ! Ici on manque d’os et là, on ne se baisse même pas pour les ramasser. Un journaliste du Figaro s’est penché sur cette histoire, pas beaucoup apparemment, puisqu’il est revenu en disant que la crypte où s’emmêlait les côtes de l’un avec les tibias de l’autre était un "vaste tombeau scellé" genre sac à patates.
Mieux vaut en rire et espérons que les grands hommes, et grandes femmes, soient pétris d’humour !

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