TOURISME

Hinarani de Moorea

4 novembre 2013

Je lis dans un hebdo, Femina Hebdo pour être précise, que la très belle Miss Tahiti va représenter la France au concours Miss Univers. Miss Tahiti, cette année, est Hinarani de Longeaux, que j’ai fait travailler il y a quelques années au cours d’un reportage, le dernier que j’ai fait pour un autre magazine oublié depuis lors.

Le directeur de la rédaction avait eu l’idée (formule très inquiétante quand on connait certains d’entre eux) de faire passer la découverte de Moorea et d’autres îles de rêves, par les yeux d’une jeune et ravissante autochtone en bikini. Oui, une fille en bikini ! Du neuf et de l’inédit, comme dans une revue de tuning...

La fille en bikini

Nous arrivons avec le photographe sur les lieux, après un vol sans fin. Le photographe était à l’époque l’alpha et l’oméga du magazine. Il faisait tout ce que n’importe quel(le) imbécile lui demandait, à condition qu’il ou elle soit chef : "Ecoute, pour la photo du restaurateur de Hunawihr, tu le fais sortir de la fontaine de la place de l’église, un homard à la main, comme s’il l’avait juste pêché ! Avec des jolies Alsaciennes en costume qui viennent chercher de l’eau avec des cruches en grès de Betschdorf ... Sympa, non ?" Et il le faisait, d’où sa prodigieuse longévité dans un milieu qui consomme et jette vite. Il était donc le mieux placé pour la fille en bikini sur le capot de la Kangoo.

La belle demie

Ce qui nous a le plus frappé en rencontrant notre ravissante vahiné était son extrême jeunesse et de très beaux yeux verts. Hinarani de Longeaux n’avait rien d’un modèle der Gauguin, elle était longue et filiforme, les cheveux et le teint couleur de miel. Sa mère était calédonienne et son père, demi [1], mi-français mi-polynésien, et il avait un atelier de construction de va’a, les magnifiques pirogues qui disputent entre autres la Hawaiki Nui, la course mythique en haute mer et lagon.
Moorea est une authentique enclave du paradis sur terre, surtout lorsque l’on est logé dans les bungalows sur le lagon des hôtels de luxe et notre expédition prit vite l’allure d’une resucée de Paul et Virginie, d’un roman rousseauiste ou du Voyage autour du monde de la frégate du roi La Boudeuse de Bougainville.

Pour Cythère, embarquement immédiat !

Il y eut la séquence notre jolie vahiné pêche la chevrette [2] avec une mini-sagaie dans un torrent de montagne ; notre jolie vahiné nage avec les dauphins (à l’hôtel Intercontinental) ; notre jolie vahiné fait du surf ; notre jolie vahiné en soutien-gorge de feuille d’auti dénervurée ; notre jolie vahiné se fait tatouer avec le peigne en dent de requin traditionnel ("pour de faux" comme disent les enfants) ; notre jolie vahiné dans une robe mumu [3] ancienne de sa maman, pour la messe au temple... Nous avons tout fait et elle a tout accepté avec le sourire, en vraie pro. Il n’y a que la plongée les yeux ouverts et maquillés, sous une pirogue avec les raies dans les eaux cristallines du lagon qui l’ait un peu fait pleurer. Elle avait peur des caressantes bestioles qui venaient se coller à elle en ondulant des ailes.

Bonne chance Hinarani de Longeaux pour ce concours de Miss Univers, j’espère que tu aimes toujours le poé de banane de ta maman et merci encore pour ta gentillesse et ton professionnalisme !

Merci à Joël Hart.

[1Nom donné en Polynésie à tous les métis, les Français et tous les autres venus s’échouer ici

[2Crevette

[3Robe missionnaire ou Mother Hubbard

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