PARIS

Paris, je te reviens encore !

9 septembre 2013

Paris a cette torpeur délicieuse de l’été, quand les Parisiens sont allés porter leur stress, leurs smartphones, leurs tablettes, leurs écouteurs pleins de bruit, au quatre coins de la France, et plus loin aussi !
Retour en atmosphère à bord du bus.

Dans le 91, une petite fille de trois ans environ babille, elle raconte ses vacances et son « maillot de bain de fiiiiiiille ! ». Tout le monde sourit. Il fait beau et Paris est désert. Sa maman la fait lever pour rejoindre le papa dans le soufflet du bus et elle se dresse sur la banquette avec ses petites sandalettes de fiiiille.
Une voix s’élève dans mon dos :
« Bravo ! C’est comme ça que l’on élève les enfants ? A moins que vous n’ayez appris à votre fille à éviter les pipis de chien ! »
Personne ne réagit et la voix continue à glapir. Je finis par me retourner à demi et j’articule sur le ton le plus neutre possible :
« Nous avons tous été des enfants, et nous en avons eu aussi. Ce n’est pas si grave. »
« Parfaitement, j’ai eu 600 enfants et croyez-moi je leur ai appris à ne pas mettre les pieds sur les sièges.
« Ah mais vous êtes une institutrice, la discipline fait partie de votre travail…
« Pas la discipline, ni le dressage ! Juste la bonne éducation. Où va-t-on je vous le demande ? Quand j’entends des femmes comme vous, je comprends mieux le désordre actuel !
Dernière tentative pour endiguer le flot en restant polie :
« Vous savez, un tout petit peu d’indulgence parfois, c’est bien.
« L’indulgence ! Bravo ! Ça c’est bien un héritage judéo-chrétien ! L’indulgence et quoi encore ? La bonté ? La générosité ? La charité ? Et voilà où on en est à cause de gens comme vous. On voit où ça nous mène !
Elle est définitivement partie en vrille, je me lève et me dirige vers les parents et la petite fille, sidérés par tant de bruit et de fureur. Je me retiens de lui dire ce que la compassion fait aussi partie de ce que j’apprécie le plus et me contente d’un haussement d’épaules et d’un :
« Mais que vous êtes chiante, c’est incroyable !
Les voyageurs sourient de cette altercation absurde, surpris peut-être d’entendre une institutrice à la retraite penser tant de mal de l’indulgence. Certains commentent, un peu goguenards, et les parents me remercient. Non, non, je ne suis pas Zorro et cette petite dame n’est pas très redoutable non plus. Et comme il fait ce temps délicieux, l’atmosphère est détendue. Alors, du fond du bus, elle accourt vers moi et m’assène :
« Et cela vous fait rire ? Vous êtes une gourde madame et cela se voit sur votre visage ! Une gourde et une minable ! »
Je la regarde incrédule devant tant de hargne pour deux petits pieds qui ont effleuré un siège de bus.
Je pense alors à un bon mot de Jean d’Ormesson et l’adapte :
« Vous savez, être traitée de minable par une conne, c’est plutôt agréable !
Welcome back home, j’ai retrouvé ma hargne parisienne !

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