SPECTACLES

Le Vietnam sur scène

20 mars 2012

La salle était pleine hier soir, pour la représentation de l’opéra populaire Quan Am Thi Kinh à la Maison des Cultures du Monde, dans la cadre du Festival de l’Imaginaire. Et les applaudissements nourris à la fin du spectacle. Découverte d’un art venu de la région du delta du Fleuve Rouge, l’ancien Tonkin.

Le répertoire du hat cheo a été inventé au fil des siècles par les paysans qui jouaient ces pièces à la fin des récoltes de riz. C’est un art reposant sur des traditions orales où l’improvisation joue un grand rôle : mi Commedia dell’arte, mi-Fourberies de Scapin, on donne des coups de bâton, on s’invective et on chante. Le village est plein de coquins, de commères, d’hommes qui titubent, de douces héroïnes sacrifiées… rien que du classique pour exalter ces vertus du bouddhisme que sont la compassion et la résignation venue de la bonté. Thi Kinh, injustement accusée d’abord de tentative de meurtre et ensuite d’avoir désobéi aux règles de vie des moines, se soumet. Non par faiblesse mais par acceptation de son destin.
Ce n’est qu’à sa mort que l’on reconnaitra sa vertu et qu’elle sera assimilée au bodhisattva Quan Am, la déesse de la Compassion.

Musique, chant, danse, costumes colorés, tout est là pour faire de cette pièce un spectacle à la fois exotique et familier tant les sentiments et les émotions passent les frontières et les langues grâce aux acteurs. Il faut noter la performance de la directrice adjointe du Théâtre National Hat Cheo, la célèbre Thanh Ngoan dans les rôles de la belle-mère qui chasse l’infortunée Thi Kinh et d’une villageoise qui n’a pas sa langue dans sa poche. Autre performance, celle de la ravissante Tran Thi Quyen, la coquette qui n’écoute que ses pulsions, Thi Mau, l’irrésistible qui conduit l’héroïne à sa perte. Comme toujours la vertu est nettement moins séduisante et Vu Thuy Ngan interprète du rôle-titre a la tâche ingrate de nous persuader de la beauté du sacrifice… Impossible d’oublier le travail des mains, des doigts qui se tendent et se recourbent, des poignets flexibles et des bras qui s’arrondissement avec grâce.

Photos François Guenet/Maison des Cultures du Monde 2012

Retrouvez la programmation du Festival de l’Imaginaire sur www.festivaldelimaginaire.com

Maison des Cultures du Monde,
101, boulevard Raspail, 75006 Paris.

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