Les marionnettes du Karnataka

9 avril 2012

Personne ne connaît le Karnataka, un grand état du sud-ouest du Deccan, à côté du Kerala. Pourtant certaines villes comme Bangalore et Mysore ont une vraie notoriété : Bangalore pour son modernisme, c’est la Silicon Valley à l’indienne et, à l’opposé, Mysore pour son santal et son marché aux fleurs. Voici donc une autre célébrité, les magnifiques marionnettes de Bhaskar Kamath vêtues d’étoffes chatoyantes qui dansent les drames des dieux de l’Inde pour les villageois. Les yakshagana prennent vie quand les artistes les réveillent de leur sommeil de bois. Elles se lèvent et dansent, elles montent à cheval et se battent, elles chantent et racontent les histoires tirées du Ramayana et du Mahabharata. Chacune s’anime comme par magie quand les marionnettistes manipulent les six fils qui tiennent les deux côtés du cou, les deux bras et les deux genoux. Bhaskar Kamath explique que c’est Brahma qui tient les deux fils de la tête, c’est la création, le plus important ; Vishnou s’occupe des jambes, il préside aux mouvements et Shiva tient les mains, c’est le destructeur. C’est ainsi qu’il explique que son art renvoie aux dieux et n’est pas seulement du spectacle. C’est aussi une façon d’éduquer, d’enseigner la culture locale et de préserver les traditions.

L’un des moments les plus spectaculaires de la représentation est sans doute cette démonstration finale de la troupe qui vient sur scène. Bhaskar Kamath et un autre marionnettiste montrent le galop d’un cheval et de son cavalier, entremêlant les fils avec fluidité et maestria. On comprend alors le côté très physique de ce métier puisque lorsque la marionnette danse, le marionnettiste danse lui aussi !

Comme ses ancêtres avant lui, Bhaskar Kamath adapte les marionnettes à ce qui lui semble important. Lorsqu’il montre ses marionnettes à l’étranger, les histoires choisies viennent toutes des grands récits épiques indiens mais lorsqu’il fait des tournées en Inde, il mêle à ces sujets des préoccupations contemporaines comme le montre cette marionnette « Réchauffement de la planète », un globe terrestre à la tête de mort, imaginé pour éveiller aux problèmes de l’écologie !

Ajoutons que cet art doit beaucoup à la Maison des Cultures du Monde puisque ce sont les deux fondateurs, Françoise Gründ et Cherif Khaznadar, qui ont aidé le petit théâtre du père de Bhaskar Kamath, Kogga Kamath à sortit de l’oubli et partir en tournée autour du monde.

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