PARIS

Beautiful People ?

17 novembre 2011

Hier soir, c’était fête au Lutetia, l’hôtel chic à une encablure du Bon-Marché-Rive-Gauche et de sa Grande Epicerie. L’invitation était floue et on se demandait bien pourquoi on l’avait reçue. On n’a toujours pas compris...

“A l’occasion du lancement de Red Collector Gucci, Luigi Di Donna, Fondateur de Red Collector, espère avoir le plaisir de vous rencontrer à l’Hôtel Lutetia, Partenaire officiel du magazine, Mercredi 16 Novembre de 19h à 22h…”
Curieuses mais pressées, on arrive à 19h et là “Non, c’est à partir de 19h30”. Vous êtes bien sûr ? On avait très envie de voir ce nouveau magazine et Luigi Di Donna [1]. Vingt minutes plus tard, nouvel essai et on nous dit que Luigi doit donner son feu vert aux invités. Cela se présente mal. Luigi, connais pas. Il arrive enfin avec sa cravate à la Brummel, une petite veste courte et cintrée en velours, un sorte de pantalon bouffant pour faire cavalier (en anglais dans le texte) et des Caterpillar, ce qui gâche un peu l’effet dandy. Mi-Robespierre, mi-Village People. On se présente, il nous accueille comme si on avait pris des cours de danse sur YMCA ensemble.
On nous glisse deux cartes qui donnent droit à deux cocktails Martini, autre sponsor, et on entre dans le salon.

Les cougars sont lâchées

La foule qui arrive est hétéroclite mais la même interrogation se lit dans tous les regards, sauf chez Luigi Di Donna et ses copains, ce qui est rassurant. Sur des présentoirs, sans que l’on sache si c’est une déco conceptuelle ou le buffet, des petits pots genre www.je-fais-mes-conserves.com renferment ce qui ressemble à des entremets et des fruits au sirop. Certains s’agglutinent au comptoir Martini, assoiffés comme s’ils avaient traversé le Sahara. En face, c’est l’eau et le coca.

Une grosse dame aux cheveux relevés comme une crête d’Iroquois parle à un petit chauve dont je me demande si c’est Louboutin ou le magasinier de mon pharmacien. C’est une soirée “cougar” peut-être. Beaucoup de femmes ébouriffées promènent de petits jeunes gens, plus ou moins baraqués, suivant l’arrivage du marché. Ebouriffées pour faire cool, donc jeune. La choucroute prise dans un typhon se porte haut. A défaut, c’est le gel qui hérisse les crinières de nos fauves.

Cornets de tripes ?

Nous nous asseyons à la table d’un Italien qui nous la joue Italiano vero. “Ma oui, zé souis Napoletano ! Zé des zabits faits sour mésoure. Même mes saussoures !” Il engouffre les charcuteries indigestes proposées en petits cornets de papier, comme des frites. “Prénez, c’est du fromaze dé tête fatto ici”. On lui demande ce que nous fêtons ce soir : un magazine ? “Ma non. Cé les bizous Guezz. Luigi s’occupe des bizous Guezz.” Un talent naturel pour la communication nous permet de comprendre qu’il s’agit des bijoux Guess… Il va y avoir un défilé.

Ephèbes et vieilles peaux

La salle se remplit. Un faux Marc Veyrat promène son chapeau noir comme au marché à la truffe de Sarlat. Une jeune fille attend la première neige avec son pull et son bonnet Etoile des Neiges. Une simili-Bardot trépigne de devoir attendre pour boire tandis que sa gentille voisine de file s’est trompée de salon : elle attend l’ambassadeur et ses pyramides de Ferrero. Il y a beaucoup d’éphèbes barbus avec lunettes carrées pour faire Yves Saint-Laurent revisité par les pubs Dolce & Gabbana.

Les habituels vieux beaux arborent fièrement leurs cous flétris en refusant la cravate trop conformiste mais il faut le savoir, la peau trop bronzée se fripe toujours dès qu’elle jaillit d’un t-shirt ou d’un pull camionneur noir. Luigi avec sa cravate de mousseline qui monte jusqu’au menton a peut-être l’air d’un clown mais il ne nous impose pas les trémulations de ses chairs marron cuir-de-Cordoue !

On a mangé des huitres tièdes, de la tapenade, du riz au lait, des quartiers de clémentines au sirop et du fromage pas mauvais du tout avec un pain inqualifiable. Aldo Maccione a disparu dans la foule avec ses chaussures sur mesure, ses cornets d’andouillette et ses frites de betteraves suintantes de graisse. Et on est parti sans avoir vu ni de magazine, ni de bijou après avoir salué le poisson rouge qui s’ennuyait dans une vitrine !

[1 Après renseignements, son truc à Luigi, pour son magazine, c’est de mettre les lettres à l’envers, comme vues dans un miroir. Etonnant, non ?

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