AIR DU TEMPS

Cherche Grand Loup végétarien !

20 mai 2011

Aucun journaliste n’a prononcé la célèbre expression : « la roche Tarpéienne est près du Capitole », sans doute parce que le souvenir de la pauvre Tarpée s’est effacé au profit d’une évocation de « pétard » [1] et que la Capitole n’évoque rien qu’un bar-tabac en Arles, un ciné à Clermont-Ferrand et le gros truc blanc avec un dôme et des colonnes partout à Washington D.C.

En un instant, DSK est passé du pinacle au pilori. De l’espoir de passer cinq ans à l’Elysée à une menace de 70 ans dans un pénitencier où il ne serait pas bon d’être le violeur d’une femme de chambre noire.
Femme, de chambre et noire. Machisme, esprit de classe et racisme. A New York ! Difficile de faire pire : si l’on en croit les thèses des psy, c’est pousser très loin le désir inconscient d’auto-destruction. Il aurait pu choisir plus doux. Faire ça en France par exemple.

Y’a pas mort d’homme

Tout d’abord, la police n’aurait pas bougé. Pas d’ « unité spéciale pour les victimes » comme on le voit dans Law & Order. C’est la jeune femme qui aurait dû aller au commissariat pour porter plainte. Au mieux, on lui aurait demandé le n° de Sécurité Sociale de sa grand-mère paternelle. Au pire, on l‘aurait menacé d’extradition par le premier vol vers Conakry. Et entre les deux, elle aurait essuyé quelques plaisanteries salaces
On exagère ? Espérons. Mais la France, et sans doute les pays du pourtour méditerranéen, ne sont pas les meilleurs endroits où faire valoir ses droits de femme. Hier soir, à l’émission de David Pujadas, tous avaient l’air de s’étonner de ce que racontait Hélène Jouan, directrice du service politique à France Inter, de sa vie quotidienne dans le journalisme. C’était à celui qui serait le plus offusqué.
Ah bon ? Cela existe ? Vous êtes sûre ?
Mais quelle femme n’a jamais été importunée par des avances lourdes ? Quelle femme ne s’est pas sentie menacée dans un bureau, un ascenseur, un bus ou n’importe quel espace clos ? Quelle femme n’a pas eu droit au chantage « le poste (l’examen, l’augmentation…) est à vous si… ». Et puis d’abord, une petite fellation, ça compte un peu pour du beurre, non ? « Y’a pas mort d’homme », mort de femme peut-être ?

Qui a peur du Grand Méchant Loup ?

Et tout à coup, se pose la question : les féministes n’ont-elles pas rendues leurs filles imprudentes ? A force de proclamer à juste raison que la femme a les mêmes droits que l’homme, que lorsqu’elle dit « non » c’est « non », qu’elle n’a pas à s’habiller comme une nonne pour éviter d’être importunée, ne leur a-t-on pas émoussé l’instinct de survie ? Parce que tout cela est vrai. En théorie et en théorie seulement. Pour certains Néandertaliens, la femme reste du gibier et il est prudent de ne pas se mettre dans des situations à risques sous prétexte que nous avons le droit et les « nouveaux hommes » pour nous ! DSK n’est certainement pas le seul homme de pouvoir avec lequel il ne fallait pas être seule. C’est le premier dont on parle autant, nuance ! Et parce que cela se passe aux Etats-Unis. Pour faire bref, le grand méchant loup existe et il ne faut pas le laisser seul, affamé, devant un petit cochon rose et dodu, en croyant que, parce que la loi a changé, il va devenir végétarien !

Alors bien sûr demeure la différence entre le « relou » de base et le violeur violent. Entre le don juan qui tente sa chance et celui qui soumet de force. Parce que, n’en déplaise aux spécialistes du"genre" qui expliquent doctement qu’être une femme ou un homme, c’est juste dans la tête, la force physique n’est pas seulement une vue de l’esprit. On aimerait avoir la puissance mentale d’un Jedi et pulvériser les importuns mais ça, c’est encore de la fiction.

Pour ceux que ça intéresse :
A Rome, la roche Tarpéienne est une crête rocheuse proche du Capitole d’où l’on précipitait les condamnés à mort tandis que le Capitole est la colline qui symbolisait la puissance romaine. Cette expression, Arx tarpeia Capitoli proxima, signifie qu’après les honneurs et la gloire, la déchéance peut arriver rapidement…

Tarpéia était une jeune Vestale qui laissa les Sabins pénétrer dans Rome contre « ce qu’ils avaient au bras gauche ». Elle rêvait de leur bracelets d’or, elle mourut écrasée par les boucliers qu’ils portaient aussi au bras gauche.

[1en verlan

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