ENGAGEMENTS

Rencontre avec le Père Pedro

16 mai 2011

Rencontrer le Père Pedro au milieu des enfants d’Akamasoa, en lisière de Tananarive à Madagascar, c’est un peu ce que devait être un rendez-vous avec Sœur Emmanuelle au Caire. Une leçon de dynamisme, de générosité et l’envie de "faire quelque chose" pour que cesse le scandale de la misère. Premier épisode.

Quand on vit à Paris, Londres, New York, Berlin ou Rome, comment comprendre, même intellectuellement, de ce qu’est la misère. Pas celle de ceux qui ont du mal à boucler leur fin de mois, à payer les traites de leur voiture. Pas même celle de ceux qui ne partent jamais en vacances, qui ne se font pas soigner. Celle de ceux que l’on ne voit pas, qui ne parviennent qu’à survivre sous les échangeurs autoroutiers à la frange des villes, l’extrême pauvreté urbaine que nos yeux et notre cerveau refusent d’enregistrer tant elle est inconcevable. Et quand cette plaie s’abat sur des enfants, le choc est insoutenable.

La vie sur les décharges

Vous souvenez-vous de l’immense décharge que l’on découvrait dans Slumdog Millionnaire ? Les quelques 230 hectares de Dharavi, le bidonville de Mumbai où survivent 700 000 habitants ? La misère est bien là, comme elle est à Kibera au centre de Nairobi, et dans les townships d’Afrique du sud. Pas seulement le célèbre Soweto, mais de petits townships de brousse, ordinaires, quotidiens. Insupportablement quotidiens.

Ici je voudrais parler d’Andranalitra, en lisière de Tananarive : 13 hectares qui reçoivent 400 tonnes d’ordures par jour. Seulement 13 hectares ? Rien de digne du Guiness et du journal de 20h. Des bébés y naissent et leurs premiers pas se font dans la boue suffocante des immondices en putréfaction. Leur petites mains apprennent à fouiller à la recherche d’un os ou d’une boite rouillée tombés de la benne. Ce ne sont pas les petites mains potelées de nos enfants, ni leurs petits pieds dodus qui appellent le baiser. Ce sont de petits fantômes aux grands yeux sombres et au visage amaigri. Ils sont sales aussi et apprennent à survivre comme des petits animaux sauvages.

La misère à bras-le-corps

C’est là qu’est arrivé un jour de mai 1989 Pedro Pablo Opeka plus connu sous le nom de Père Pedro, un mélange détonnant de Slovène et d’Argentin. Une sorte de condensé de vitalité, de révolte, de force physique et morale qui ne laisse personne indifférent. Un charisme (et une bonne dose de séduction) qui lui permet de convaincre et de soulever des montagnes.
La première montagne qu’il a soulevée est celle des ordures : sur une partie de la décharge s’élève aujourd’hui un village propret aux maisons coquettes, des écoles, des ateliers de broderies, des terrains de basket et de foot. Juste au delà de la dernière construction brille le magma de bouteilles cassées, boites en fer blanc, plastique et déchets organiques qui pourrissent sous le soleil accablant. Des familles y vivent encore car la misère est sans fond mais certaines ont venues à Akamasoa pour re-apprendre à vivre comme des êtres humains. Debout. Dignes.
« Nous avons besoin d’argent, c’est sûr mais nous avons la passion de la justice, de l’homme et du bien commun ».

A suivre.

Pour aider le Père Pedro, envoyez vos chèques aux
Amis du Père Pedro,
BP 640
77103 Meaux cedex

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