PARIS

Et si on changeait le nom de la rue ?

21 février 2011


Que ce soit pour faire plaisir à quelqu’un, pour organiser une petite fête bleue-blanc-rouge sur un coin de trottoir avec discours émouvant, petits Lu et mousseux, nos élus ont toujours adoré (re-)baptiser des bouts de bitume.

l y a quelque chose de profondément « champignacien » dans cette rage de donner un nom à tout et n’importe quoi. « Gloire à toi, Champignac, qui vit naitre le grand Aurélien Vidal-Schmurtz ! ». On a vu que le carrefour de la Croix-Rouge, un beau nom qui résonne encore du galop des chevaux de poste, est devenu la place Michel Debré. Michel Debré, le petit renfrogné dans l’ombre de de Gaulle, appelé aussi «  l’Amer Michel  » et « Michou La Colère », nationaliste bougon, connu pour avoir démissionné par fidélité à l’Algérie Française et malgré son amour pour de Gaulle. Estimable certes, dans son genre rugueux et pas sexy mais avait-t-il de quoi détrôner ce merveiileux nom hérité du Moyen-Age ? Le maire du 6e a dit que « oui » alors…

Exploitation rationnelle du bitume chic

Il y a aussi les baptêmes abusifs de lieux qui n’existent pas : la place Mehdi-Ben-Barka au coin de la rue du Four et de la rue Bonaparte. Le trottoir de Fouhety, la pharmacie la plus courue de Paris en raison de ses « prix cassés ». Le lieu de son enlèvement, devant l’ancien drugstore Saint-Germain et actuel Emporio Armani doit déjà s’appeler place Jean-Paul-Sartre-et-Simone-de-Beauvoir. Ce qui est du gâchis. On pouvait garder le terrasse des Deux Magots au couple star des années 50-60, la pointe entre Monoprix et Lipp à Ben Barka. Devant Cartier, le Québec a déjà installé ses embâcles et il restait encore un ou deux emplacements pour Flavie Lagoulède (oui, féminisons nos trottoirs) et Jacques-Antoine Blerot-Laville. Autre dépôt de plaque qui ne mange pas de pain, la place Pablo-Picasso, plus connue sous le nom de carrefour Vavin de même que la place René-Char est le carrefour Bac. Nous, on aime bien les carrefours !

Edgar-Quinet et sa ceinture de bananes

Une des artères les plus créatives de Paris est le boulevard Edgar-Quinet ? Dejà, Edgar Quinet, on ne sait plus trop -mais l’a-t-on jamais su ?- qu’il est un historien républicain du XIXe siècle qui a aussi une rue au centre de Bucarest et un lycée à Bourg-en-Bresse. Aujourd’hui, son trottoir central où a lieu un marché deux fois par semaine, s’appelle allée George-Besse, en souvenir de l’ancien patron de Renault assassiné devant chez lui par Action Directe. Le gag vient de cette plaque, un peu gênée d’être là, celle de Fernand Mourlot, lithographe, qui a laissé inconsolables sa famille et ses amis, dressée devant la sortie du métro Edgar-Quinet. Non, nous ne sommes pas à Groland. Et un peu plus loin, le Paradis du Fruit est installé sur la place Joséphine-Baker, sans doute à cause des jus de ces bananes dont on fait aussi de jolies jupettes !

Après une brève étude, on s’aperçoit que l’on ne débaptise pas la rue Amélie- Chaudus ou l’impasse Gaston-Bédouère, ils ont sans doute des descendants. En revanche, le Pas-de-la-Mule, les Mauvais-Garçons, le Vide-Gousset, les Enfants-Rouges et le Fer-à-Moulin, personne n’est là pour les défendre. Donc ouvrez l’œil si vous voyez des agents municipaux rôder, la prunelle concupiscente et le tournevis à la main, devant les plaques de la rue de L’Arbalète, celle de l’Arbre-Sec, du Roi-de-Sicile ou du Chat-qui-pêche !

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