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Pinault sous la coupole
3 avril 2022
Un peu de culture ? Le Monde comme il va n’avait pas encore découvert la Bourse de Commerce dans toute sa beauté, débarrassée des toiles d’araignée et des années de pollution parisienne ! Merci François Pinault.
Fini le masque qui fait trop chaud et irrite la peau ! Envolé le visa pour aller prendre un café ! Jusqu’à l’élection, on devrait être tranquille donc on ressort…Et on découvre le bonheur de visiter des expos sans suffoquer ni être surveillé par des gardiens soupçonneux qui se disent, et ils ont raison, que l’on va faire glisser le masque sous le menton pour respirer enfin.
Nous avions quand même admiré Georgia O’Keeffe à Pompidou et Cartier et l’ Islam, rêvant d’un cabochon de saphir sublime et de parures de cheveux pavées de diamants, malgré la contrainte du papier bleu plissé accroché aux oreilles.
Merci à Tadao Ando
Récemment, nous avons découvert en toute liberté respiratoire l’ancienne Bourse de Commerce, la Fondation Pinault. Tout d’abord, nous la connaissions bien pour avoir assisté avant sa restauration à des défilés de mode et autres journées de presse. Franchement le travail de l’architecte japonais Tadao Ando est magnifique. Impeccable, respectueux, il n’a pas cherché à transformer l’endroit, juste le rendre plus beau et pensé pour mettre en valeur les expositions. Tout est à la fois discret et raffiné. Présent mais pas étouffant. Merci à lui pour son talent et sa modestie.
Bites et burnes
Les expos ? Que dire ? Il y a un certain temps que je n’avais vu autant de bites fidèles à la réalité. Pas les appareils génitaux transcendés par Praxitèle, Michel- Ange, Mantegna ou Rodin, non, c’est plutôt le mec croisé dans la rue, le coup d’un soir pluvieux. Lugubre, sauf sans doute pour Charles Ray, l’artiste qui se représente lui même multiplié par huit je crois, dans un remake bouffon des Bourgeois de Calais où il nous montre tout ce qui le met en érection. Couleur chair avec une perruque sur la tête et une moumoute à pubis. Visiblement la moitié féminine de l’humanité n’a pas sa place : les statues de femmes représentent une immense hôtesse de l’air, sortie de la vitrine d’un magasin, et une jeune sans abri obèse. Et L’Enfant à la VW et celui à la Grenouille ? Sans doute la tête trop farcie de faits divers sur la pédophilie, ils sont un peu gênants, surtout celui assis au sol avec sa petite coccinelle en marbre. Mais il faut lire les critiques habilitées pour comprendre que nous n’avons rien saisi…
Magritte ou Vermot ?
Ajoutons que le marbre blanc (oui venu de Carrare, mais on peut préférer La Piétà) n’est pas poli et fait penser à du plâtre surtout pour les pièces comme cet étrange sosie de Jimmy Carter dépressif avec ses grosses chaussures de chantier…
Et les vitrines remplies de trucs dont le lien semble être le goût pour les blagues ?
Œuvres de Bertrand Lavier, elles feront rire ceux qui ne connaissent pas l’Almanach Vermot ni les Ceci n’est pas une pipe ou une pomme de René Magritte. Des néons de couleurs en forme de mot : Red est en vert, Yellow en rouge, Blue en jaune. Vous avez compris le concept. Et puis il y a des assemblages hilarants comme cette scie et cette lance dont le titre est Silence.
Mais nous avons aimé le lonesome cow-boy de Charles Ray sur la place, le mur de la rotonde qui fait penser à un mur d’escalade, la petite souris bavarde qui sort du mur et les pigeons que nous espérions en peluche, de Maurizio Cattelan, moins flippants que ses chevaux empaillés entrant dans les murs .
2 rue de Viarmes (au bas de la rue du Louvre), 75001 Paris
Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Le premier samedi du mois, nocturne gratuite de 17h à 21h.
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