EXPOS

Un Boltanski dans un placard

6 septembre 2010

Exceptionnelle découverte d’une œuvre
de Boltanski dans une cuisine
du IXe arrondissement de Paris.

Tout est là, en place, empilé comme autant de strates d’absurdité, autant de niveaux de détresse et de néant, pelures d’un oignon à la chair desséchée depuis longtemps.
Symptomatiquement, l’artiste a choisi de disposer au centre, au cœur battant de cette démonstration magistrale, un compteur bleu, symbole parfait d’une société qui ne sait plus qu’appuyer sur des boutons. Le disjoncteur salvateur est enfoui dans les sacs, seule apparaît la roulette dentelée qui égrène notre vie d’homo consumeris, moderne clepsydre d’un monde qui ne sait pas qu’il est en train de mourir.
Ici, entre deux papiers de charcuterie, on aperçoit un sachet de pharmacie, frappé de son dérisoire caducée tant nous ne savons plus vivre. Sac emblématique d’une société qui se shoote au Prozac, s’anesthésie au Lexomil et se dope au Viagra tandis que ses enfants se noient dans les mers virtuelles des écrans plasma, hallucinés, perdus, ne sachant plus qu’avaler des images et des Kinder sans surprise.

“Je me régale, c’est la faute à Raynal / J’en veux encore, c’est la faute à Roquelaure !”

Mais le gros du stock vient d’hypermarchés, de ces temples en parpaings et tôle ondulée d’une religion mortifère qui nous manipule et nous tue. Big Brother s’appelle Carrefour ou Auchan chez Boltanski et nous distille ses sourates sur fond de jingles : « Je me régale, c’est la faute à Raynal / J’en veux encore, c’est la faute à Roquelaure ! » L’obésité nous attend, tapie dans le Caddie, entre plats cuisinés abjects, bourrés d’additifs, de sucre, de sel et de gras, et biscuits infâmes. Entre sodas et confiseries made in USA, car ne nous trompons pas, l’ennemi vient du pays d’Oncle Sam, encore et toujours !

C’est outre-Atlantique que naissent les nouveaux monstres de ce siècle, les pitoyables obèses, otages des multinationales de l’agroalimentaire tandis que les détritus imputrescibles de notre surconsommation vont s’accrocher aux épineux sahéliens, stériles émissaires d’un Occident bouffi…
Gageons que cette nouvelle — et humoristique — contribution de l’artiste à notre prise de conscience saura trouver sa place dans les plus grandes galeries mondiales.

Dans notre prochain numéro :

Un accrochage de Messager dans une salle de bains de Conflans-Sainte-Honorine.

Symptomatiquement, l’artiste a choisi de disposer au cœur battant de cette démonstration magistrale un compteur bleu, symbole d’une société qui ne sait plus qu’appuyer sur des boutons.

Paquita

Bookmark and Share flux RSS


form pet message commentaire
Qui êtes-vous ?