AIR DU TEMPS

Harcèlement…

6 juin 2020

L’autre soir, Les Bronzés sur TF1… toute une époque révolue. Vraiment très révolue. Sans même faire du mauvais esprit sur les acteurs et actrices qui, comme nous tous, se sont pris un coup de vieux. Le pire étant Christian Clavier qui était presque charmant à l’époque et ne manquait pas d’humour quand on le voit plonger dans la lagune en string !

C’était infiniment triste ces vacances dans ce pseudo-Club Med d’Assinie. Et terriblement vrai. Des folies vestimentaires de Dominique Lavanant dans son boubou imprimé des têtes d’Houphouët et de Giscard, de son enthousiasme à se faire faire des petites tresses à l’africaine à la liberté sexuelle obligatoire. Beaucoup ont entendu la phrase "Rassure-toi, ce n’est que sexuel !" même si nous n’avons pas toutes eu le privilège de rencontrer l’impayable, et sinistre, Popeye qui pèse ses conquêtes et parade en slip kangourou. Pourrait-on aujourd’hui tourner la scène du pesage ?

Tout de suite ou maintenant ?

"Rassure-toi, ce n’est que sexuel !" était la phrase pour paraitre libéré(e) qui traduisait l’envie immédiate de baiser. Plus politiquement correct que le "on nique maintenant ou on nique tout de suite" d’Austin Powers, plus veule aussi, destinée à interdire tout refus. Parce que refuser était impossible, c’était vivre encore dans ce vieux monde pré-68 que tout le monde vomissait. En reléguant "faire l’amour" à un besoin primaire genre "j’ai-soif-je-bois" on permettait à chacun de tirer sa crampe vite fait. Il y avait des Luis Rego, des Gérard Jugnot et des Michel Blanc qui vivaient comme les petits poissons autour des grands prédateurs à la Thierry Lhermitte-Popeye et s’emparaient de celles qui tombaient de son lit.

Chainon manquant

C’était l’époque insouciante, post-pilule et pré-Sida, et certain(e)s avaient l’attitude attribuée aux Auvergnats "c’est gratuit, il faut en profiter", d’autres étaient plus sélectives et en écrivant je me rends compte que je n’ai pas d’équivalent masculin à "thon" et "cageot"… Les hommes sont-ils donc tous tellement attirants ? Et pourtant j’ai des souvenirs horrifiques de types qui auraient pu jouer dans des films inquiétants à la Délivrance : un petit broussailleux noirâtre qui voulait devenir commissaire de police. Enormes sourcils, cheveux implantés très bas sur le front, ce chainon manquant recherché par tous les paléontologues fréquentait Censier et me suivait comme un vilain chien affreusement fidèle. Il y avait aussi cet immense Anglais dégingandé qui ressemblait aux marionnettes tchèques, à la mode à la télévision d’alors : des cheveux filasses, un long nez et ensuite un corps inexistant dans des vêtements flous.

Harcèlement sexuel

Tout ça pour dire que je ne regrette pas ces années où "coucher" était devenu une formalité. Ceci dit, je lis récemment que Giscard, le mec sur les boubous ivoiriens, était accusé de harcèlement sexuel et là, je suis un peu surprise. Comment le clone chancelant de la momie de Ramsès II peut-il faire peur ? Evidemment, je suis contre le harcèlement sexuel, qui peut être "pour" d’ailleurs ? J’ai carrément milité pour le droit de dire "non" et "bas les pattes connard", j’ai menacé de porter plainte, j’ai porté secours à des gamines tétanisées par des exhibitionnistes, et j’ai même fait virer un photographe d’un grand magazine…

Déclencheur ?

Mais là ! Giscard ? Il n’est plus, depuis longtemps, le jeune président d’une fatuité à toute épreuve qui cavalait derrière l’impératrice Cathérine Bokassa et toutes celles qui passaient à portée de sa main baladeuse. Il n’est même plus celui qui écrivait un roman cochon dans lequel il était l’amant de la princesse de Galles. Ann-Kathrin Stracke est jeune, 37 ans, belle et capable de riposter. Comment s’est-elle sentie humiliée par ce vieillard égrotant prêt à s’effondrer à la première chiquenaude ? Ou était-ce la sidération faisant remonter des souvenirs douloureux ? C’est là que la notion de harcèlement est plus complexe qu’il n’y parait à première vue. Nous avons peut-être chacune un déclencheur… Moi, Giscard, je l’atomise mais parlez-moi d’“agapanthes” et je pâlis !

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