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L’huile d’argan (suite)
27 mai 2020
Suite de notre reportage sur l’huile d’argan : Philippe Dayan nous en apprend plus sur ses bienfaits aussi bien dans les domaine de la beauté que dans celui de la santé, et sur l’émancipation que son développement apporte aux Marocaines !
Des qualités scientifiquement prouvées !
Grâce aux travaux menés par la chercheuse Zoubida Charrouf, spécialisée en chimie organique à l’université Mohammed V de Rabat, il apparaît que l’huile d’argan 100 % naturelle est riche en acides gras essentiels oméga-6, en vitamine E, en antioxydants et en insaponifiables. Les femmes berbères ne s’y sont du reste pas trompées, qui l’utilisaient pour leur peau depuis des siècles. Nourrissante, restructurante et régénérante, cette huile de couleur miel stimule l’irrigation, re-dynamise la peau, la protège et ralentit son vieillissement. Elle contribue à prévenir l’apparition des rides, de la cellulite, des vergetures et des pattes d’oie. Elle fortifie les ongles, elle efface les stigmates de l’acné, et en application sur les cheveux, elle les hydrate et active la lutte contre la chute et le dessèchement. Qui dit mieux ?
40 kg pour 1 litre
En cuisine, l’huile alimentaire a de nombreuses vertus. Ses antioxydants en font un atout précieux pour l’organisme. On la dit bonne pour le foie, bonne pour le cholestérol, voire même anti-cancérigène. Elle est aussi très nutritive et savoureuse et son goût d’amande et de noisette rehausse la saveur des plats. Mais qu’elle soit pour un usage culinaire ou cosmétologique, il faut tout de même savoir qu’il est nécessaire de récolter près de 40 kilos de fruits frais pour obtenir un seul litre d’huile. D’où une production annuelle qui ne dépasse pas 4000 tonnes, hissant ainsi cette huile au rang de véritable élixir rare et donc cher par rapport à d’autres catégories !
Des revenus pour les femmes
Par l’intermédiaire du CRDI [1], Zoubida Charrouf a aussi œuvré à l’établissement des toutes premières coopératives de traitement de l’huile d’argan, entièrement dirigées par des femmes. En effet, depuis 2010, cette huile est devenue à la mode, et les prix ont explosé. Ce qui fait que la production d’argan devient une source de revenu non négligeable. C’est aussi un travail et une intégration sociale pour nombre de femmes de la campagne qui dépendaient jusqu’alors exclusivement des revenus et du bon vouloir de leurs maris, en permettant à ces dernières de s’unir pour partager ressources, coûts et revenus. Elles gagnent ainsi en organisation et en efficacité et s’assurent de meilleurs débouchés tout en garantissant dans le même temps le maintien de cette tradition millénaire d’une l’huile d’argan artisanale pressée à la main et une traçabilité totalement bio.
Une filière menacée
Aujourd’hui, devant le succès international de l’huile d’argan, le Maroc encourage une meilleure intégration de ce produit dans l’économie et la société marocaine. En décembre dernier, à Agadir, a été inauguré le premier Salon international dédié à une filière qui concerne plus de deux millions de personnes. Les quantités d’huile d’argan exportées seraient passées de moins de 40 tonnes en 2003-2004 à plus de 343 tonnes en 2009-2010 ! Les principaux importateurs étant la France (78%), l’Allemagne (7,6%) et la Suisse (7%).
Le problème est plutôt un risque de surexploitation d’un milieu fragile et menacé qui a pour conséquence la disparition, chaque année, environ 600 hectares d’arganeraie, soit la réduction des deux tiers de sa densité en cinquante ans.
L’argan, une priorité
Pour que l’arganier demeure un débouché d’avenir et pour ne pas perdre l’une de ses ressources les plus rentables, le Maroc se doit donc de trouver des solutions. D’où un contrat-programme qui prévoit la réhabilitation de 200.000 hectares de l’arganeraie, sa domestication, et l’extension de sa culture en conduite moderne sur 5.000 hectares pour, à terme, rehausser le niveau de production de l’huile d’argan à 10.000 tonnes par an. En outre, des projets destinés à promouvoir la main-d’œuvre locale figurent également parmi les objectifs prioritaires, à commencer par l’accroissement de l’autonomie économique des femmes. D’un montant global de 11 millions de dollars canadiens, ce projet, co-financé par le gouvernement du Maroc et le Canada (AMC), a été mis en œuvre pour une durée de quatre années (2018 à 2022). Enfin, une convention ciblant la promotion du label Bio des produits de l’arganier a été conclue entre la fédération interprofessionnelle, celle de l’agriculture biologique, et le gouvernement marocain.
Philippe Dayan
[1] Centre de recherches pour le développement international, société d’état canadienne
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