BEAUTE

L’huile d’Argan

25 mai 2020

Arrivée i y a une quinzaine d’années en France, l’huile d’argan a tout de suite su se faire une place de choix dans notre imaginaire et dans notre salle de bain ! Elle a profité de notre besoin de naturel et d’exotisme et s’est imposée sur le marché européen comme un secret jusqu’ici réservé aux belles des harems et toutes les femmes se sont voulues Schéhérazade !

Très réputé pour la richesse de son savoir-faire ancestral en matière d’artisanat, travail de l’orfèvrerie, du cuir, de la céramique, et de la marqueterie en bois de thuya, le Maroc l’est aussi pour son huile d’argan. Une dimension d’autant plus forte que l’arganier croit et embellit presque exclusivement sur son sol et encore, pas n’importe où, puisque cet arbre à caractère endémique prospère seulement du nord d’Essaouira au sud de Tiznit, jusqu’à la région située à l’est de Taroudant, le “triangle d’or” de l’huile d’argan.

Belle et bonne

Très utilisée dans la cuisine marocaine, mais également par une pléthore de grands chefs étoilés qui raffolent de son goût de noisette grillée, sa haute teneur en vitamine E et en antioxydants la rendent précieuse dans l’univers de la cosmétologie. Depuis toujours essentielle aux femmes marocaines, particulièrement dans les populations touareg qui l’utilisent pour enduire leur peau afin de la protéger de la sécheresse et des agressions climatiques des déserts qu’ils sillonnent. C’est du noyau de son fruit qui ressemble à une grosse amande, que l’on tire après séchage au soleil des graines, les amandons. Pressés, ils donnent une pâte d’où est extraite de l’huile.

Deux huiles

Simple ? Pas tant que ça puisqu’il existe deux types d’huile d’argan selon que les amandons sont ou non torréfiés avant utilisation.
L’huile alimentaire, plus sombre et au goût plus prononcé de noisette, est torréfiée et s’utilise comme une huile classique pour préparer les aliments, mais ne doit pas être portée à haute température. Elle est très nutritive et constitue, avec des amandes pilées et du miel, l’amlou, une pâte très nourrissante souvent consommée au petit déjeuner, et qu’au Maroc l’on a coutume de désigner non sans humour comme un “Nutella” 100% bio. L’huile cosmétique, plus claire, s’utilise en application sur la peau et les cheveux et aurait des vertus contre la chute des cheveux, l’eczéma, la déshydratation cutanée.

Gare aux dérives !

La qualité d’une bonne huile d’argan dépend pour beaucoup du mode de récolte et de fabrication de sa production. On évitera bien sûr les noix dont la pulpe est grignotée par les chèvres et récupérées après régurgitation ou digestion. Certains laboratoires les désodorisent à la vapeur ce qui élimine tout principe actif !
Attention également aux meules modernes dites pourtant “pression à froid” qui montent à plus de 100 °C et annihilent ainsi nombre de vertus qu’on s’attend à trouver dans le produit fini. Les dérives sont nombreuses et pour être sûr que l’eau utilisée ne vient pas d’une citerne vibrionnante de bactéries et que des petits malins n’ont pas coupé leur huile d’argan avec d’autres huiles à bas prix, il faut avoir l’assurance que toute la chaîne de production suit un cahier des charges strict et est contrôlée donc certifiée !

A suivre

Philippe Dayan

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