EXPOS

Kimono ou kosode ?

2 mars 2017

Le Japon se révèle, au fil des expos, des livres et de tout ce que l’on peut rechercher comme document, fascinant, mystérieux, imprévisible, unique ! Aujourd’hui, le musée Guimet nous invite jusqu’au 22 mai à la découverte de la maison Matsuzakaya qui, depuis 1611, fabrique des kimonos : Kimono, Au bonheur des Dames

Difficile de trouver un équivalent français à la maison Matsuzakaya. Ce n’est pas Le Bon Marché d’Aristide Boucicaut malgré le titre de l’expo qui nous y renvoie, car ce n’est pas un "grand magasin" comme nous l’entendons, puisque l’on n’y trouve que des kimonos.

Haute couture ?

Ce n’est pas non plus une maison de couture à la Dior ou autre puisque, depuis quatre siècles, on n’y produit qu’un seul modèle de vêtement, toujours avec le même métrage de tissu et le même patron, kimono ou kosode suivant la taille des manches. L’intangibilité des traditions au Japon est telle que nous ne pouvons la concevoir clairement. Il n’y a peut-être qu’en Grande-Bretagne que l’on pourrait trouver quelque chose d’approchant, le kilt. Mais ici encore la différence est nette : chaque modèle de tartan est celui d’une famille, comme un blason, alors que la maison Matsuzakaya a créé des milliers de décors différents correspondant à la classe sociale, au statut de celle qui portait le kimono et à ce qu’elle désirait faire connaitre de son univers.

Semis de fleurs

Ces décors sont obtenus par tissage, broderie, teinture à la réserve, peinture et représentent souvent la nature avec des semis de fleurs de cerisier, d’érables rouges, de bambous et de prunus sans oublier des animaux, parfois surprenants comme ces petites chauves-souris en fil d’or brodées sur un sublime kimono bleu à fleurs blanches ! On pourra admirer des modèles assez simples pour l’été, très légers et semés de fleurs comme jetées sur l’étoffe mais aussi des tenues d’apparats pour les femmes des riches commerçants, pour les femmes de la noblesse militaire ou celles de l’aristocratie impériale. A côté des magnifiques kimonos de mariage et de cour, le musée Guimet expose les catalogues de la maison Matsuzakaya, des parures de cheveux, des objets de toilette en laque et quelques paravents d’une beauté totale !

Japonisme

La fin de l’exposition est un voyage dans le temps et l’espace. Sous le regard de la charmante Japonaise au Bain de James Tissot, on verra les influences exercées par le Japon sur les couturiers français, de Madeleine Vionnet à Franck Sorbier, mais aussi les créations originales de designers japonais contemporains qui se sont emparés du kimono pour l’actualiser. Junko Koshino propose six modèles magnifiques reprenant des codes et des inspirations traditionnelles, des branches de pin imprimées à la feuille d’or, des techniques de tissage ou d’impression datant des XII et XVe siècle à Kyoto... spectaculaire et élégant. On admirera aussi les relectures de Kenzo, avec des fleurs bien sûr, ainsi que celles d’Issey Miyake et de Yohji Yamamoto.

Si vous avez 5mn, car il ne faut guère plus pour faire le tour de cette autre expo, montez voir Alexandra David-Néel au 3e étage. Mais franchement, ce n’est pas loin de l’arnaque. Si vous admirez comme nous cette aventurière, voyageuse et écrivain, mieux vaut lire sa biographie ou aller à Digne-les-Bains !

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