EXPOS

Il est pas beau, le Mickey ?

27 septembre 2010

Jeff Koons, The Rabbit, Chicago.
Qui ne connaît pas Jeff Koons, celui qui, au bonheur rafraîchissant d’avoir été le mari comblé de la Cicciolina — dont on pense qu’elle a servi de modèle à toutes les poupées gonflables vendues à travers le monde — ajoute celui d’être l’un des artistes vivants les plus célèbres ? Et les plus cotés au litre d’air et au centimètre cube de baudruche.

François Pinault ne s’y est pas trompé. En fait, c’est peut-être lui et quelques autres milliardaires comme Dakis Joannou qui l’ont consacré en achetant des fortunes ses gigantesques copies de chiens en ballon que l’on trouve sur les foires, ses gigantesques langoustes gonflables rouge vif et ses animaux en pelouse et fleurs. Tout un univers exquisement enfantin mais gros, parce que Jeff n’est plus un petit bonhomme à qui on offre un petit lapin en plastique. Il lui en faut un gros maintenant.

De l’enfant insatiable, il a gardé cet enthousiasme pour le plus gros caniche, la plus grosse baudruche qui brille, le plus énorme chien en mixed borders, mais il a perdu la plus belle poupée gonflable. À côté de ce coffre à jouets pour Gargantua, on trouve quelques œuvres plus adultes, dans un style agréablement sulpicien : Michael Jackson et son singe Bubbles, en céramique, ainsi que quelques compositions en cristal le représentant avec son épouse en train de réinventer l’escarpolette tonkinoise, position classique du cinéma porno dont elle était reine. Il est si fort qu’on l’a laissé déballer ses gros joujoux au château de Versailles l’an dernier.
Jeff Koons et le taureau de Courbet © Tony Cenicola/The New York Times

Une vache découpée ? Non, un Poussin !

Ce qui surprend est une découverte faite dans un numéro du New York Times de février dernier mis de côté pour les longues soirées d’automne : imaginez-vous que ce grand enfant avec ses énormes hochets collectionne des œuvres d’art lui aussi. On aurait aimé le voir poser entre des tranches de requin ou de vache découpés signés Damien Hirst, à côté d’un colossal nounours navré ou d’une immense souris ivre de Murakami. Et pourquoi pas bras dessus, bras dessous avec un écorché plastiné de Gunther von Hagen, version hard de son Michael Jackson blanc et doré ? Mais non, ses contemporains qui font aussi dans le ludique, la transgression, le monumental, il les laisse aux autres !
Chez lui, dans son petit 2p. kitch. Sdb. de l’Upper East Side, on trouve un Christ de Quentin Metsys, fondateur de l’école d’Anvers au début du XVIe siècle, un Fragonard, un Manet, un Courbet, un Poussin, sans oublier un Nikolaus Knüpfer, connu pour ses clairs-obscurs Jeff Koons et The Rabbit, 1986.à la Rembrandt, et un Cornelis van Haarlem, maniériste néerlandais de la fin du XVIe… Plus un Picasso au-dessus de l’écran plat de sa télévision.
On dirait bien que Jeff, malgré son air pur de “vendeur de décapotables Chevrolet” (1), comme l’écrit le vilain Houellebecq [1], est un méchant camarade. Peut-être même un être double…

Paquita

[1La Carte et le Territoire, Flammarion, 2010

Bookmark and Share flux RSS


form pet message commentaire
Qui êtes-vous ?