Les USA c’est ça

Mortelle routine

5 décembre 2015

Petite virée dans l’ouest américain, là où les couchers de soleil sont si beaux et le désert si présent. Là où on a la gâchette facile...

Vendredi, fusillade dans le Colorado, mercredi 14 morts à San Bernardino, à l’est de Los Angeles...La première fois, les quatre morts travaillaient dans un centre de planning familial, et hier, il s’agissait d’un centre d’aide aux handicapés. Comme le déplorait Barack Obama, il s’agit bien d’une mortelle "routine" puisque l’on compte 355 "mass shootings", fusillades, depuis le début de 2015, soit plus d’une par jour.

Yaourts, cornflakes et gun

Bien sûr les Etats-Unis sont grands, bien sûr, ce sont des traditions de pionniers mais la ruée vers l’or est loin maintenant et, comme ironisait Jason, professeur d’université : "Ici on va chez Walmart et on achète des T-shirts, des yaourts low-fat Dannon, du pain en tranches, de la bière, et on ajoute dans le Caddie une arme à feu !"
Les morts se comptent dans à peu près tous les états : loin en tête la Californie, puis l’Illinois, la Floride, le Texas. New York ne vient qu’ensuite suivi par la Louisiane. Trois états se distinguent avec 0 mort ou blessé : le Wyoming, le Dakota du nord et le New Hampshire. Etats peu peuplés et/ou petits ?
On feuillette un magazine dont le thème est "je fais tout moi-même" sous-entendu pour ma petite log cabin on the trail. Passionnant, on apprend à faire la meilleure soupe au potiron avec Mary, un feu de camp lorsque les coyotes hurlent sous la lune, une étagère pour les cookie jars et finalement grand article sur le thème : "je cherche une arme, mais laquelle me conseillez-vous ?"

Rien ne vaut un Glock

Les réponses s’étendent sur quatre pages plutôt serrées qui disent quelle arme est mieux en milieu urbain, suburbain, in the middle of nowhere (le pied total pour tirer sur tout ce qui bouge ou pas) avec des commentaires personnels "moi, le Glock reste mon préféré" et aussi, sous une photo noir sur gris, "n’oubliez pas qu’il est important d’avoir un coffre pour ranger vos armes".
Difficile à comprendre, surtout venant de Paris encore choqué par ses 130 morts. Mais c’est vrai, ici on s’enfonce facilement dans ces étendues balayées par le vent et brulées par le soleil, on suit une route le long d’une voie de chemin de fer dont les rails se perdent à l’horizon. Ici le ciel est immense, les rattlesnakes se cachent sous les cactus en fleurs, on pisse derrière un yucca ou un tumbleweed géant, on regarde les vautours tourbillonner au dessus d’une carcasse à moitié desséchée et on est saoul de tant d’espace et de liberté.

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