TEMOIGNAGES

Carte postale du Mali

10 décembre 2010

Je vous écris du Mali, l’un des pays les plus pauvres de la planète, où la vie dépend à 90% des eaux du Niger.

Le Niger… deux ponts l’enjambent à Bamako où j’habite. Puissant fleuve que les Bambaras nommaient Djoliba et que les anciens caravaniers du Sahara confondaient avec le Sénégal, le Nil et même le Congo.

Aujourd’hui, le mythe demeure car il apporte sa bienfaisante fraîcheur aux pays brûlés par le soleil qu’il traverse. Ses flots sépare la savane du sahel, la verdure luxuriante du paysage désertique. Dans la Boucle du Niger, à l’approche de Tombouctou, des lacs se sont formés au cœur d’un immense delta, où les dunes de sable s’alanguissent jusqu’au fleuve annonçant la proximité du Sahara.

Mégalithes, peintures rupestres, vastes pâturages qui nourrissent les troupeaux des nomades peuhls et touaregs, rizières où la récolte se fait en barque… la pirogue est le meilleur moyen pour découvrir la vie des villages des pêcheurs bozos qui jalonnent le rivage, les familles d’hippopotames et les chevaux qui barbotent au milieu des nénuphars. Les buffles mugissent bruyamment en traversant le fleuve sous les encouragements des bergers peuhls. Le delta du Niger est un véritable trésor ornithologique : des rizières et des roseaux s’élèvent les chants des oiseaux qui pépient, caquettent, sifflent et gazouillent . Une parenthèse de rêve et d’évasion, propice à la méditation, qui fait oublier que le fleuve Niger est un malade en sursis victime de la pollution et d’une extrême sécheresse.

Des quantités considérables de déchets industriels, hospitaliers et domestiques y sont déversées chaque jour, (2.000 m3 d’ordures ménagères et 2.200 m3 d’eaux usées, dont la teinture au mercure des somptueux boubous brodés et les résidus d’abattoirs) et je me demande s’il est encore raisonnable de déguster de savoureuses brochettes de capitaine ?

La vallée est également soumise à de fortes sécheresses qui font avancer les dunes et éloignent hommes et animaux des points d’eau.
Avec la désertification, les marigots et les lacs disparaissent. Trop de troupeaux et de personnes viennent s’installer dans la boucle du Niger. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs s’exacerbent, car l’augmentation de la population fait que les règles ancestrales ne sont plus respectées. Ce paradis de terre et d’eau est menacé lui aussi.

Bénédicte Lacourt

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