Pauline et Arnaud, engagés en Centrafrique

10 novembre 2010

“Je m’appelle Pauline et, avec mon mari Arnaud, nous avons toujours plus ou moins rêvé de nous engager. C’est ainsi que nous nous sommes envolés à la fin de nos études pour la Centrafrique, comme Volontaires de solidarité internationale au sein de la Délégation catholique pour la coopération.

La surprise a été totale et immédiate, dès notre arrivée à Mbaïki, à la lisière de la forêt tropicale. Les habitants y vivent traditionnellement de chasse et de cueillette, sans souci de l’épargne même si, à mesure que la forêt recule, ils sont obligés de se mettre à l’agriculture et à l’élevage. Mais cette transformation ne se fait pas sans difficultés.

Mon mari, ingénieur, s’occupait des chantiers de construction d’un diocèse (école, dispensaires…) et moi, en appui à l’association Caritas qui mène des projets de développement dans l’éducation, j’avais la charge de la santé, de l’agriculture et de la promotion féminine à l’échelle d’une région.

Au quotidien, je devais coordonner les projets qui se déployaient dans ces différents domaines via dix antennes dans la région. Je circulais en 4X4 ou en pirogue en fonction des destinations que me permettaient d’atteindre des routes défoncées par la pluie, souvent impraticables. Grâce à l’apprentissage de la langue locale, le sango, j’étais à l’aise pour me déplacer et rencontrer les communautés et leurs responsables investis dans les écoles, centres de santé et groupements agricoles. Ces visites prenaient souvent du temps puisque entrer en dialogue avec mes interlocuteurs nécessitait de s’asseoir sous le manguier, partager parfois un repas et de laisser s’exprimer un grand nombre de personnes. Elles me permettaient de m’assurer que les projets étaient bien réalisés et suivis par les antennes et d’envisager une suite. Une autre partie de mon travail consistait à rechercher des fonds auprès des bailleurs de fonds internationaux, ce qui me valait des déplacements tous les deux mois dans la capitale. Ces tâches n’étaient pas évidentes à gérer au début, ne maîtrisant pas la culture locale alors qu’elle me donnait la responsabilité de quarante salariés et bénévoles.

Malgré la difficulté de dépasser parfois les différences culturelles, ces deux années nous ont offert des occasions de vivre de belles rencontres. Je me souviens en particulier d’une conversation avec une femme de mon voisinage, assises toutes deux sur sa natte, me racontant des problèmes conjugaux et ajoutant ‘Je te dis ça, mais je n’aurais pas pu le dire à une blanche‘, oubliant un instant ma couleur.”

Pauline

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