L’Opéra Comique à Moulins

10 février 2015

De Moulins on ne sait que peu de choses en dehors de son célèbre Maitre de Moulins, connu pour son sublime Triptyque à voir absolument dans la cathédrale. L’Allier qui a donné son nom au département, y coule et Moulins est la capitale historique du Bourbonnais, entité géographique mystérieuse à la susceptibilité inversement proportionnelle à… on s’arrête là de peur d’être privé sans sommation, de “pâté aux pommes de terre”, orgueil de la gastronomie locale et de Saint-Pourçain, le vin du cru.

Spectacle de foire

Depuis 2006, Moulins est devenu le siège du Centre National des Costumes de Scène (CNCS) qui organise régulièrement d’intéressantes expositions dont la dernière porte sur L’Opéra Comique et ses trésors.
Avec cette promenade qui suit l’Opéra Comique sur trois siècles, le visiteur va découvrir ses débuts cahotants, avec des castelets allant de foire en foire. Que l’on ne s’y trompe pas, les foires célèbres comme la foire Saint-Germain et la foire Saint-Jacques attiraient beaucoup de monde issu de toutes les classes sociales, puisque les spectacles y cohabitaient avec des commerces de luxe. On y prévoyait même les parkings pour carrosses !

Commedia dell’Arte

Ce sont des spectacles satiriques, inventifs qui dépeignent la réalité de la vie d’alors, très éloignée de la Cour de Versailles. Jusqu’en 1697, ils sont principalement inspirés de la comédie italienne mais la prude Madame de Maintenon, épouse de Louis XIV, n’apprécie guère. Avec le temps l’Opéra Comique va mêler le chant, la danse, la pantomime et la musique : on prend des œuvres célèbres de Lully par exemple et l’on y met des paroles grivoises ! Mais la cohabitation avec la Comédie Française, très jalouse de ses prérogatives, n’est pas simple. L’Opéra Comique ne doit pas parler français, ni en vers et ne doit pas se servir de la voix ! Ce seront donc des écriteaux de prose et en charabia…

Les grandes héroïnes lyriques

C’est là que l’on croise le chemin du couple Favart, de la jolie Justine, danseuse, actrice, chanteuse et compositrice, qui se préoccupe du réalisme des costumes : elle fait acheter des étoffes à Constantinople s’il est question de turqueries et joue pieds nus en sabot quand elle est fermière. Elle accepte même d’être décoiffée, sans bijou et sans maquillage !
En fait l’Opéra Comique est à l’origine de presque tous les grands titres lyriques français et découvrir les tenues de certaines héroïnes du répertoire est très émouvant : la Giuletta des Contes d’Hoffmann, la gracieuse Manon de Massenet, Mignon la petite Bohémienne, Ciboulette… On découvrira aussi une reconstitution du Central Costumes de l’Opéra Comique, lieu secret où naissent tous les rêves.

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