EXPOS

Les Kanak au quai Branly

27 octobre 2013

Attention, c’est bientôt fini : jusqu’au 26 janvier 2014, le musée du Quai Branly accueille une magnifique exposition, Kanak, l’art est une parole, la plus importante réalisée sur la culture kanak, avec plus de 300 œuvres et documents exceptionnels sur 2000 m3. Cette exposition sera présentée au centre Tjibaou de Nouméa en 2014.

Tout d’abord, rappelons que le terme “canaque” a été employé à partir du XIXe siècle pour désigner les populations de Mélanésie et qu’il a longtemps été utilisé de façon péjorative. La nouvelle orthographe, “kanak” est au contraire la marque des revendications culturelles et politiques des peuples autochtones de Nouvelle-Calédonie. Ajoutons que l’esprit de Jean-Marie Tjibaou flotte sur l’exposition et qu’un referendum d’autodétermination sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie aura lieu entre 2014 et 2018.

Une histoire difficile

Les premiers voyageurs à débarquer en Nouvelle-Calédonie sont James Cook en 1774 puis Antoine d’Entrecasteaux, parti à la recherche de La Pérouse en 1793. L’archipel fascina et continue de fasciner les botanistes puisque la végétation est endémique à 90% et que l’on découvre encore régulièrement des végétaux nouveaux, ainsi que des animaux. Tout n’a pas été répertorié, loin de là !

Parallèlement, les congrégations religieuses envoyèrent pasteurs et prêtres pour christianiser ces peuples païens : la nudité fut interdite et les femmes disparurent dans les fronces des robes Mother Hubbard ou robes missionnaires. Napoléon III ordonna la prise de possession de l’île en 1853, mettant fin à la rivalité entre Français et Anglais et catholiques et protestants. Destruction de villages, expéditions punitives, cantonnement des Kanak dans des réserves, très vite la colonisation fut synonyme de brutalité et d’humiliation et l’installation d’un bagne n’arrangea rien [1].

Masques impressionnants

Il faut se souvenir de cette histoire douloureuse quand on découvre les flèches faîtières placées au sommet de la Grande case, les appliques placées de chaque côté de la porte, les linteaux et les extraordinaires aiguilles à couvrir les toitures en bois de houp. Il faut garder en tête ce passé quand on admire les haches ostensoirs en jadéite, si finement polies qu’elles sont translucides, les herminettes et les casse-têtes. Certaines coiffes en coquillage et/ou en poils de roussette [2] sont absolument magnifiques mais ce sont sans doute les grands masques qui retiennent le plus l’attention, par leur taille et leur physionomie impressionnante. Faits de cheveux, de bois, de plumes et de fibres, ils ont été restaurés par la fondation BNP Paribas et nous apparaissent dans toute leur splendeur.

[1De 1864 à 1897, 70 convois de plus de 20 000 forçats atteignent l’île

[2Chauve-souris ou renard-volant : il s’agit de chiroptères frugivores et nectarivores de grande taille (Mégachiroptères)

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