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Masculin singulier
18 octobre 2013
On ne compte plus les expos avec des nus féminins. Voici la première consacrée aux nus masculins au musée d’Orsay [1]. Bizarre.
Stupeur du côté perse lorsque Darius, le grand roi et son armée, découvrent que les Grecs de l’armée de Léonidas s’entrainent nus dans leur camp, près des Thermopyles. Tout récemment, on a dû cacher un bas-relief qui représentait un homme nu, au palais des Nations à Genève, lors de la visite de Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaire Etrangères ! Donc est un acquis important qu’il faut sauvegarder mais l’exposition Masculin masculin est-elle indispensable ?
Spécial tablettes de chocolat
Nous y étions invité par Slendertone, les stimulateurs électriques qui aident à se muscler sans effort. Sachez qu’il se vend une ceinture chaque minute dans le monde, étonnant, non ? Et pour mieux faire comprendre l’intérêt de ses produits qui fait les belles tablettes de chocolat et les biceps d’acier, la marque proposait une visite guidée de l’expo du musée d’Orsay, Masculin masculin. On aurait pu mettre d’ailleurs cette formidable peinture de David sur Léonidas aux Thermopyles, même si question fesses, on puisse préférer Romulus dans Les Sabines. Côté face, les deux œuvres sont similaires : comme dans toutes les représentations de corps masculins nus, les artistes dissimulent vaguement avec un baudrier, une épée ou un pan de toge le sexe masculin, réduit le plus souvent à celui que l’on imagine à un Schtroumpf, mais pas bleu.
Pour quel public ?
En fait la question qui se pose, ou pas, est “à qui cette expo s’adresse ?”. Pour une raison qui nous échappe, mais c’est comme ça, les femmes ne fantasment pas sur les phallus. Les grands, les gros, les petits, aucun ne les excite.
Une maison d’édition avait tenté de lancer un magazine porno soft genre Playgirl, et s’était totalement planté. Nous avons le vague souvenir d’un “Playmate” qui dissimulait plus ou moins son magnifique instrument derrière une tasse à café en lévitation, c’était drôle. Bref, "les femmes s’en balancent” (titre d’un roman de Peter Cheney dans la Série Noire). Les hommes, eux, préfèrent les femmes et voilà !
Voici donc la première expo “communautariste” réservée à la population gay. Les autres auront l’impression d’ouvrir par inadvertance la porte d’un vestiaire de stade ou des douches. Genre “Oups, excusez moi, je cherchais le docteur Olive, dans le cellier ! ”. C’est dommage car il y a de très belles choses – non “chose” n’est pas un euphémisme pour bite, pénis, chibre, zizi, queue, pine, quéquette, zguègue…etc. Mais, au milieu des innombrables Pierre et Gilles, les vrais stars de Masculin masculin, ces Puget, Rodin, Burne-Jones, Gustave Moreau, Blake, Géricault, David et on en passe, sont un peu perdus, voir récupérés. Même Yves Saint-Laurent par Jean-Loup Sieff a l’air gêné à côté d’Eminem de David LaChapelle qui tient vigoureusement un bâton de dynamite bien placé.
Du comique à la gêne
On ne va pas se plaindre, certains tableaux et photos sont d’une totale drôlerie. Dans la case “grands classiques ”, il y a un Saint Sébastien à la Jean-Paul Gaultier d’Alfred Courmes, comique avec sa petite marinière Armor Lux, son béret à pompon rouge, et ses fesses blanches percées de flèches. Inspiration marine aussi avec ces jeunes gens qui font du vélo en slip dans le Finistère de Paul Cadmus, aussi ridicule qu’une pin-up déshabillée dans une revue de tuning. Paul Cadmus qui nous fait regarder par le trou de serrure d’une salle de bain où deux éphèbes font leur toilette. Là commencent un peu la gêne, comme dans les tableaux de Degas qui montrent des femmes qui se lavent.
La tentation du message
Il y a aussi le mauvais goût de David LaChapelle, tenté d’apporter son message avec le Would-Martyr and 72 Virgins, l’abyssale niaiserie des chouchoux incontestés de l’expo, Pierre et Gilles avec David et Jonathan (Jean-Yves et Moussa) et beaucoup d’autres que l’on va oublier très vite. Il n’y a que très peu d’œuvres de femmes et il n’y a pas de quoi s’y attarder : une photo d’un garçon, Stefan, qui prend son bain de Nan Goldin, un Orlan aussi benêt que le Pierre et Gilles évoqué ci-dessus, sur L’Origine de la guerre, ses implants crâniaux ont eu raison de ses connections cérébrales.
Subsisteront Egon Schiele, Francis Bacon et quelques autres mais la classification par thèmes, tout comme le catalogue, rend la visite très confuse.
Si vous n’êtes pas tenté, sachez que l’une des toiles les plus emblématiques est dans les collections permanentes du musée d’Orsay : L’école de Platon de Jean Delville, à ne pas rater.
De haut en bas : le Faune Barberini, anonyme, Saint Sébastien d’Alfred Courmes, David et Jonathan, de Pierre et Gilles, Jeune homme nu assis au bord de la mer d’Hippolyte Flandrin
Entrée : 12 €
Horaires : 9h30-18h ; 21h45 le jeudi ; fermé le lundi
Renseignements sur Slendertone sur www.slendertone.com
[1] Jusqu’au 2 janvier 2014
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