TOURISME

Youpi Land nous voici !

13 mai 2013

Petit tour dans nos jolies provinces à l’occasion de cet incroyable pont ! Bien sûr, la météo n’était pas à la hauteur de nos espoirs, mais l’est-elle jamais ? Il s’agissait d’aller trouver l’air du large sur l’Atlantique, entre les Charentes et la Gironde. Le dépaysement était au rendez-vous mais...

Arrivée à Royan dont il est bon de dire que c’est un chef d’œuvre de l’architecture moderne même si cette partie qui a été bombardée et reconstruite par des bâtisseurs de génie est franchement glauque. Béton gris sous ciel gris, portiques et arcades en voie d’écroulement, on est dans un univers à la Bilal sauf qu’il ne doit pas y avoir de couloirs de métro à Royan.

Pollution visuelle

Ensuite petite balade vers le phare de la Coubre qui surplombe la magnifique forêt domaniale, la côte Sauvage et le banc de la Mauvaise… Comment ôter toute poésie et tout pouvoir d’évocation à ces lieux bénis des dieux ? Comment miter une forêt domaniale mine de rien ? En ouvrant des campings. En encourageant les mobile homes, les piscines avec toboggans multicolores sur plusieurs étages, les attractions pour enfants… A la Coubre, nous avons découvert Youpi Land, nom qui définit assez bien l’abjection de ces manœuvres pour se faire le maximum d’argent sans en avoir vraiment le droit. Cela sent vaguement le dessous de table comme certaines terrasses de café ici et ailleurs. Bienvenu à Youpi Land, son monde tout en plastique, sa pollution visuelle, sonore et intellectuelle. Youpi Land, fabrique à crétins..

French paradox


Ensuite cap sur Ronce-les-Bains et la Tremblade, à la recherche d’huîtres. Là, pas d’esthétique TF1, copiée des chaines de Berlusconi où il ne manque que Nikos Aillagas et Nicolas Canteloup. Les rives incertaines de la Seudre ont la poésie des terres mouillées, de la brume qui flotte sur les roseaux avec de petites cabanes de bois serrées le long des canaux et des bateaux à fonds plats. Le bonheur alors ? Oui, jusqu’au prochain rond point ! Ici Jean-Luc Plé, l’artiste des giratoires comme il s’intitule lui-même, a sévi. On lui a visiblement donné carte blanche et il s’est déchainé. Il a grevé les budgets des communes en les persuadant que des parasols géants en plastique et des petits bateaux de papier en béton allaient être un vrai “plus” ! Dans Sud-Ouest, samedi dernier, un lecteur se plaignait des ronds-points, pas de la verrue qu’ils constituaient dans une jolie campagne mais de leur nombre. La France en a 40 000 : entre 1984 et 1994, plus de 10 000 ronds-points ont été construits, soit presque un tous les trois jours. Certains départements comme l’Ain en comptent plus de 400 et cela coûte cher : 500 000 € pour une version basique, plus d’un million pour les modèles « ornementés ». Au total 20 milliards d’euros ont été dépensés pour leur construction, les coûts se répartissant entre la chaussée (environ 40 %), la décoration (30 %), les trottoirs (25 %) et la signalisation (5 %) sans compter l’achat des terrains.

Cherche nature désespérément !

A Nouméa, on parlait des « ronds-points Lafleur » car c’était Jacques Lafleur, le vieux crocodile gaulliste ami de Chirac qui vendait le terrain, le bitume rose, les palmiers royaux, la terre, les bordures de trottoirs, les réverbères et les panneaux de signalisation… M. Plé se contente d’enlaidir la province avec ses pommes de pin à St Georges de Didonne, ses brouettes dégoulinantes de géraniums ici et ses petits bateaux là. Le pire est peut-être cet affreux enfant de caoutchouc de plusieurs mètres, en short, qui porte une huître géante sous le bras. C’est non seulement très laid mais très très bête et La Tremblade ne mérite pas ça. Son maire peut-être qui s’est laissé embrouiller ou plus si affinités !
Pour finir sur un sourire, ou pas, le panneau floral de la Palmyre qui chante la Nature Plein Cadre… floral, enfin, pas de près ! Ce sont de petits copeaux peints et du gazon en plastique.

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