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Verte, la Grosse Pomme ?
8 septembre 2010
Vous êtes-vous jamais trouvé, comme Barbara Streisand, dans un New York state of mind ? Ou souffrez-vous, comme Norah Jones dans son album New York City, de ce “beautiful disease” ? Si oui, embarquement immédiat pour une flânerie urbaine et verte.
C’est une envie impérieuse et indéfinissable de boucler sa valise et de filer là-bas retrouver les vapeurs qui jaillissent du sol, les taxis jaunes dont la caisse racle la chaussée déformée, les escaliers de secours sur les façades et l’air de la mer. Brutalement, rien ne semble meilleur que ce vent qui chasse les nuages et fait passer la ville de l’hiver quasi-polaire au printemps le plus délicieux pour mener à la touffeur de l’été qui monte du trottoir pour tourbillonner autour des chevilles et des jambes. Un jour, on craint de croiser un ours blanc au coin de Mercer St et Broome St et le lendemain les prunus croulent sous les fleurs donnant à Central Park un air de Kyoto. Et puis l’été s’abat sur la ville et les New-Yorkais s’enfuient vers des cieux plus frais. Tout va si vite. Tout va si fort. Le pouls de la ville bat le long des avenues, dans les clignotements des feux rouges, dans la musique qui inonde parfois les trottoirs. Comme un organisme survolté, New York entraîne dans son ivresse. Impatience dans les jambes, sourire sur les lèvres. Les vélos slaloment entre les voitures. La fumée des pots d’échappement monte à la tête, chargée de parfums de fleurs, d’odeurs de métro, de relents de métal chauffé. Les sirènes des ambulances crèvent les tympans, l’électricité est palpable et semble crépiter… Welcome !
Jardins suspendus au-dessus de Manhattan
Pourtant, la nouveauté de cette ville que beaucoup croient totalement minérale est un morceau de nature à découvrir entre le Meatpacking District et Chelsea. La High Line, cette légendaire ligne ferroviaire surplombant le sud-ouest de Manhattan, s’est métamorphosée en jardin suspendu.
C’était au temps où les trains de marchandise roulaient au niveau de la chaussée, où la 10th Avenue s’appelait Death Avenue et que les West Side Cowboys galopaient devant les locomotives en brandissant des drapeaux rouges pour écarter les passants. Il y eut tant d’accidents qu’il fallut surélever la ligne : en 1934, les premiers trains empruntent cette High Line à 10 mètres du sol. À l’inverse des métros aériens qui suivent les rues, elle traverse les blocks et passe au cœur des usines et des entrepôts frigorifiques. Dans les années 50, les camions détrônent les trains et le tronçon le plus au sud est démoli. Au milieu des années 80, le dernier convoi chargé de dindes surgelées quitte les frigos géants et, malgré des tentatives de promoteurs pour raser l’ensemble, la High Line demeure, témoin d’une époque envolée à jamais, fantomatique balcon en béton sur la ville et l’Hudson.
Aujourd’hui, grâce à l’acharnement de certains, dont les très actifs Amis de la High Line, ce vestige de l’architecture industrielle Art Déco reprend vie à la manière de la coulée verte sur le Viaduc des Arts. Les rails crissant de rouille ont fait place à un parc avec chemins, bancs et plantations qui apportent de l’air dans ce West Side qui se réorganise peu à peu. De nouveaux logements à loyers modérés sont créés, des bureaux, des commerces et des galeries d’art. Quant au jardin lui-même, c’est le paysagiste néerlandais Piet Oudolf qui a choisi d’en faire cet espace semi-sauvage, mélangeant graminées — la signature de tous ses jardins —, gazon et collines.
Stars et clones de stars
L’évolution de Gansevoort Market, nom officiel du Meatpacking District, a véritablement commencé à la mort du propriétaire des entrepôts, William Gottlieb, excentrique milliardaire qui sillonnait son royaume en vieille voiture. Pendant 50 ans, il achète entre 150 et 200 propriétés entre l’Hudson et l’East River et refuse d’en vendre la moindre parcelle. À sa mort, les héritiers n’ont pas les mêmes idées et le quartier de Meatpacking District devient brusquement le top de la tendance : restaurants, clubs, boutiques, hôtels, tous élégants et élitistes, fréquentés par des mannequins, éditeurs de magazines en papier glacé, stars et clones de stars… Avec le projet d’annexe du Withney Museum of American Art, le summum du chic urbain sera atteint. Pour le meilleur, ou le pire, selon les avis. Car l’ambiance si particulière des rues bordées de hauts murs aveugles, où seul le restaurant Florent apportait un peu de vie, a été balayée comme l’avaient été auparavant les atmosphères de Soho, d’East Village et de tous ces petits coins tranquilles du sud de la 14th St qui vivaient au rythme de leurs populations d’origine, juive, italienne, chinoise, russe ou allemande.
Et c’est là l’un des paradoxes de New York, tiraillé entre de juteuses opérations de promotion immobilière et sa nature, très présente. Les uns ont observé des centaines d’oies sauvages sur le North Meadow à Central Park, là où l’on joue au frisbee. Un autre a vu, cet hiver, un phoque se reposer sur l’Hudson gelé. On nourrit les écureuils familiers qui grattent aux fenêtres, on surveille les couples de cardinaux. Et personne n’a oublié l’odyssée de Pale Male et Lola, les faucons — en réalité des buses à queue rousse — de la 5th avenue. Si l’on en croit La Lettre de la société Audubon de New York, la vie sauvage n’est pas si loin : faucons crécerelles et pèlerins, effraies, busards, balbuzards et grands ducs nichent et se reproduisent tranquillement sur les corniches et dans les parcs de la ville ! Il suffit de lever le nez…
Paquita
Minetta Tavern, le dernier fleuron de l’empire McNally
Keith McNally est un petit génie de la restauration, même si ce n’est pas la cuisine qui le distingue particulièrement. On mange très honnêtement chez lui mais ce qui le différencie est que, plus que quiconque, il a le sens du quartier qui va monter et du style qui va y plaire. Il a commencé par l’Odeon à Tribeca dans les années 80 et, depuis lors, il a parsemé Manhattan de brasseries, bistrots, trattorias et autres tavernes au meilleur emplacement du futur secteur à la mode. Il a aussi un talent rare pour la mise en scène : difficile de faire plus parisienne que sa très chic brasserie-boulangerie Balthazar à Soho avec son décor de bois et de cuivre. Pastis, dans le Meatpacking District, a tout d’un bistrot français avec ses murs carrelés blancs, tout comme Schiller’s dans le Lower East Side… Il sait donner la patine de l’ancien à des lieux flambant neufs, même si certains puristes les jugent à la limite du pastiche. On n’est parfois pas loin du Paris de Vincente Minelli mais on s’y sent bien ; il n’est qu’à voir la foule s’y presser au brunch du dimanche pour en être certain. Le dernier en date est Minetta Tavern, un authentique speakeasy fondé dans les années 30, dans le West Village. Parmi ses clients d’alors : Ernest Hemingway, Ezra Pound, Eugene O’Neill, Dylan Thomas et beaucoup d’anonymes. Si Keith McNally a sauvegardé la façade et l’intérieur, la cuisine est maintenant d’inspiration française.
113 MacDougal St. (entre Bleecker & W. 3rd Street), New York. Tél. : 212-475-3850.
Equinoxiales propose des séjours pour 606 euros par personne en base double, plus 500 € TTC pour le vol : 5 jours/4 nuits à New York comprenant transferts aéroport/hôtel A/R en navette, 4 nuits à l’hôtel Edison**, petit déjeuner américain compris, 2 déjeuners, 1 dîner, tour de Manhattan guidé en français, une croisière autour de la baie de Manhattan sur le Zephyr, visite de Harlem suivie d’une messe gospel, entrée à Top of the Rock, entrée au MOMA. Dates départ précises (plusieurs par mois).
www.equinoxiales.fr. Tél. : 01 77 48 81 00.
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