Paul Jacoulet, un artiste à découvrir

28 février 2013

Avec cette très riche exposition, le musée du quai Branly nous invite à découvrir l’œuvre d’un artiste français que la France ne connaît pas mais à qui il est temps de faire une place… Paul Jacoulet a quitté la France à 3 ans pour le Japon. C’est le premier occidental à avoir suivi une scolarité japonaise et il se lance très vite dans l’étude de la calligraphie, du dessin, de la peinture, de la gravure sur bois et même de la danse.

L’éblouissement des îles

Totalement pétri de culture japonaise, Paul Jacoulet parvient à faire une œuvre très originale en mêlant la technique des estampes ukiyo-e à des sujets glanés au fil de ses nombreux voyages, entre la Corée où vécut sa mère, la Mandchourie et surtout la Micronésie qu’il visite longuement à partir de 1929. De ses aquarelles réalisées sur place, il fait des gravures sur bois quand il revient au Japon où il a ouvert un atelier. On note un souci quasi ethnographique dans le soin qu’il porte aux tenues, aux ornements des «  indigènes » ainsi qu’à la faune et la flore. Il sent la fragilité de ces univers et semble vouloir fixer de ses pinceaux leur lumineuse beauté. Il nous emmène aux Célèbes, aux Mariannes, dans les Carolines, les Marshall, constellations d’îles que l’on ne connaît que de nom, et même pas toujours, et nous émerveille avec les datura, les hibiscus, les orchidées, les papayes, les oiseaux de paradis et les papillons. Il adore les papillons qu’il collectionne et en ajoute à ses tableaux pour le plaisir. Il renouvelle la tradition de l’ukiyo-e dans sa manière de dessiner et dans l’utilisation des pigments naturels et des tons saturés avec des poudres de végétaux, de métaux divers, de mica ou de nacre.

Une donation d’exception

Très vite, Paul Jacoulet est exposé au Japon, en Corée, à Hawaii où ses portraits aux couleurs pures et intenses plaisent beaucoup mais la France est bien loin et personne ne reconnait cet étonnant peintre, admirateur d’Utamaro qui sait traduire la beauté et l’incroyable lumière de ces îles lointaines, perdues dans l’océan Pacifique. Avant sa mort en 1960, il sera exposé également aux Etats Unis, en Australie et en Finlande.

En parcourant cette exposition riche de plus de cent soixante dessins, croquis, aquarelles et estampes, offerts par la fille adoptive de Paul Jacoulet, Thérèse Jacoulet-Inagaki, on se laissera éblouir, comme l’a été l’artiste, par cette civilisation micronésienne, par son art du tatouage et par ses parures en coquillages, coraux, écaille de tortue, plumes et bien sûr fleurs fraiches, sans oublier les quelques œuvres qui nous emmènent au Japon, en Mandchourie et en Corée.

Tweeter