LIVRES

Le mystérieux monsieur Foccart

20 février 2013

Le quart d’heure nostalgique : un livre vient de sortir sur Jacques Foccart, Monsieur Françafrique lui-même. L’auteur, Jean-Pierre Bat, est le premier à avoir pu consulter les archives et voici donc Le syndrome Foccart - La politique africaine de la France, de 1959 à nos jours [1].

Jacques Foccart fait partie d’une époque aujourd’hui révolue, un monde qui n’est pas sans rappeler les hilarants films de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin dans le rôle de OSS 117 et l’ouvrage de Jean-Pierre Bat, un jeune historien très sérieux, nous offre quelques portraits hauts en couleurs des maitres espions d’alors.

Paris, nid d’espions

On citera entre autres, Maurice Robert, ancien du SDECE [2], ambassadeur au Gabon et chargé du service Afrique chez Elf, un petit rondouillard sans pitié droit sorti du Caire, nid d’espions.
Jacques Foccart a fait carrière nanti de son seul « premier bac » mais vrai héros de la Résistance, gaulliste avant l’heure et fidèle entre les fidèles. Autre anachronisme, on ne note pas d’enrichissement personnel spectaculaire à la différence d’autres personnages croisés au moment du procès de l’affaire Elf, justement.

Le mystère de la villa Charlotte

Jacques Foccart avait fait l’objet d’un livre de Pierre Péan en 1990 [3] dont la théorie était, comme souvent chez cet auteur, un rien délirante, mais d’un romanesque formidable. On dirait une pub pour le dernier roman de Marc Lévy : Jacques Foccart descendrait d’une princesse de Monaco. Sa thèse mêle Stéphanie de Beauharnais, princesse de Bade, l’affaire Kaspar Hauser, assassiné parce qu’il aurait été le prince de Bade. Elle repose en particulier sur le fait –troublant il faut le dire- que le prince Louis de Monaco fit bâtir une villa à Luzarches, la villa Charlotte dans le plus pur style Art Nouveau, pour la fille naturelle qu’il a eu avec une danseuse en Algérie et que l’énigmatique Jacques Foccart vécut et mourut dans place. Sans entrer dans les détails, cette naïveté fait cette fameuse villa. Ajoutons à cela une religieuse en Mayenne qui aurait fauté avec l’évêque de Laval, une famille de békés de Saint-Martin et on nage dans le mystère le plus opaque. Opacité augmentée encore par Jacques Foccart lui-même qui ne fit pas un procès en diffamation à Pierre Péan, ce qui l’aurait obligé à ouvrir quelques tiroirs secrets, mais l’attaqua pour atteinte intolérable à la vie privée.

Le réseau Foccart

Donc, le livre de Jean-Pierre Bat ne nous apprend rien sur ces histoires, et c’est dommage, mais, avec lui, on entre dans le « système Foccart », fondé avant tout sur le téléphone avec lequel il appelait tous les chefs d’état africains et sur l’assimilation à la française ! C’était l’époque de la décolonisation où l’on croyait que la coopération durerait dix ou vingt ans grâce à la valeur des présidents et des administrations qu’ils avaient mis en place. Tant de naïveté, du pur OSS 117, fait sourire aujourd’hui mais on vivait les Trente Glorieuses et ces gens croyaient au renouveau de la France après les épreuves de la deuxième guerre mondiale et de la décolonisation en Indochine ou en Algérie. On peut remarquer que Jacques Foccart, avait la fâcheuse habitude de s’entourer de gens peu recommandables, généralement très corrompus et parfois très peu intelligents comme le rocambolesque Bob Denard.

[1Editions Gallimard

[2Service de documentation extérieure et de contre-espionnage

[3L’Homme de l’ombre : Eléments d’enquête autour de Jacques Foccart, l’homme le plus mystérieux et le plus puissant de la V, 1990

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