Et si ?

5 novembre 2012

Nous avons lu, au hasard, Et si je supportais mieux les cons ! : titre engageant parce que de cons, nous en avons tous croisés. L’auteur, Bruno Adler, est « consultant, formateur et coach » et travaille chez Manpower. Tout d’abord, les cons dont il parle se rencontrent presque tous dans l’entreprise et en bon coach, il parle par acronymes : les COCEPU (cons certifiés puissants), les COCEPE (certifiés pervers), les COPOIN (ponctuels connus) et COPOCO (ponctuels inconnus). Pourquoi ne pas rester simple et dire puissants ou pervers ? Ajoutons que le COCEPE est le « p’tichef » de la DRH et qu’il faut appliquer la CNV [1] ou le STAR ( [2] appris en séance de MBSR [3] dont nous avons parlé plusieurs fois dans Le Monde comme il va [4]. Bref, après le plan STAR, tiré de son contexte et des réflexions de Jon Kabat-Zinn, on passe à la méthode ESPERE [5] de Jacques Salomé. Jusqu’ici, il n’y avait que l’armée qui ne parlait que par acronyme. On saupoudre cette recette indigeste de jeux de mots genre "Pour ne plus vivre sur la planète Taire" (hi hi hi !), de N+1 ou 2 et d’un autre acronyme encore plus tordu que les autres, OSER [6]… Terminer avec un petit bouillon de jeu de GO ( Gentil Organisateur ?) et des citations classiques dans ce style d’ouvrage de psychologie pour donner du poids (POIDS ? Pesez Organisez Interrogez Dominez Souriez ? ou encore Pourquoi On Invente Des Stupidités ?) : Blaise Pascal (BP pour les coaches) grand connaisseur de COCEPU, Sun Tzu et le che (Che comme Guevara ou comme Club des Horticulteurs Esthètes ? ), non, la stratégie développée dans l’Art de la guerre [7] !

Si vous êtes perdu, c’est normal.
Nous ne disons pas que Bruno Adler est un… crétin, ses cours sont peut-être formidablement bénéfiques à tous les N-1 et moins si affinités, mais il ne suffit pas d’un style sympa et de maximes rencontrées à toutes les pages des magazines sur l’assertivité, la compassion, l’écoute active pour sauver quelqu’un du harcèlement au travail. Hélas ! Même pas les CHSCT [8]… Ouf !
Pourtant, il faut signaler un point essentiel dans ce Et si je supportais mieux les cons !, le "syndrome de la grenouille" qui fait que si nous arrivons dans une entreprise agressivement et nettement toxique, nous partons en courant, comme la grenouille jetée dans l’eau bouillante qui saute au loin. En revanche, si l’eau chauffe doucement et la situation se dégrade peu à peu, nous restons et nous sommes cuits ! Cela ne vous rappelle rien ?

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