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Fucking plebs !

22 octobre 2012

De temps en temps, rien ne vaut une petite plongée dans la presse britannique pour avoir des idées neuves pour ne pas dire franchement exotiques. Il y a toujours ce cocktail inimitable de petits scandales, d’histoires d’animaux et de royals , plus quelques sujets sérieux, quand même !

Cette fois, on doit le dernier scandale au Chief Whip [1], un certain Andrew Mitchell.

Fin septembre, Andrew Mitchell se présente devant la grille du 10 Downing Street, sur son beau vélo de bobo et les bobbies présents refusent de lui ouvrir la grille sur sa seule bonne mine, ses jolis cheveux voletant et son aristocratique décontraction. Alors ce député conservateur furieusement chic les injurie et en particulier utilise une insulte dont nous n’avons pas l’équivalent en France : « Fucking plebs ! ». Etonnant non, comme disait Pierre Desproges. Fucking, jusque là, rien que du classique, il suffit de voir un film américain ou le formidable In the Loop d’Armando Iannucci pour connaître toutes les variations sur ce terme : fuck, fucking, fucker, motherfucker, motherfucking. Cela se décline comme « rosa, la rose » et on est tout à fait blasé même si les journaux anglais mettent encore « f✳✳✳✳✳✳ » pour ne pas offenser leurs lecteurs.

Mais « plebs  », c’est fabuleux. Personne ici ne traite quelqu’un de « plébéien » sans compter que personne ne sait plus ce qu’est là plèbe puisque le latin est une langue morte, très morte. Il n’y a pas d’équivalent depuis… « va-nu-pieds », « gueux », « croquant » ? Pourtant à Neuilly, cela devrait plaire.

Nous avions bien aimé le « Kenavo les bouseux » de Dupontel dans Le Créateur mais il n’y a rien dans les meilleures anthologies qui correspondent à ce colossal esprit de classe. On s’en prend au sexe, à la race, à l’intelligence, au physique, mais pas à la classe sociale.

Une chose est sûre, les bobbies n’ont pas apprécié et depuis se promènent avec des T-shirts arborant « Pleb » et le chief whip n’en finit pas de présenter des excuses en disant que, non, jamais, il n’a dit une horreur pareille… C’est le « Gate-Gate ». Gate comme grille et Gate comme Watergate ! Et Andrew Mitchell a fini par présenter sa démission.

[1le membre d’un parti politique élu au parlement dont le rôle est de s’assurer que les membres du parti soient présents lors des votes à la chambre et suivent les consignes données par les chefs du parti.

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