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Fachoda

3 juillet 2011

Les non-relations entre la France et le Soudan trouvent leur explication dans l’épisode de Fachoda à la fin du XIX e siècle. Retour sur un incident qui trouve sa place dans la liste de nos relations love hate avec la Grande Bretagne, entre Jeanne d’Arc, Trafalgar et Mers el-Kébir.

Le 18 septembre 1898, le général Kitchener, représentant le gouvernement égyptien, rencontre à Fachoda, capitale du royaume Shilluk, à 650 km de Khartoum, le capitaine Marchand parti de Loango, au Congo, deux ans plus tôt. Ce dernier occupait Fachoda, rebaptisé Fort Saint-Louis, depuis le mois de juillet à la tête d’un corps expéditionnaire de 150 tirailleurs sénégalais, encadrés par des Français. Le général rappelle à Marchand qui dit agir pour le compte du gouvernement français, que Fachoda est un territoire égyptien et qu’il va protester au nom du Khédive et du Sultan de Constantinople. Ce différent est examiné par les ministères des Affaires Etrangères et l’ambassadeur de France à Londres, Alphonse Chodron de Courcel [1] conseille à la France de replier le drapeau français et d’évacuer Fachoda car les Britanniques sont prêts à la guerre.
Le 3 novembre, le ministre français des Affaires Etrangères, Théophile Delcassé, confirme à Londres que la France évacue bien Fachoda sous prétexte du mauvais état sanitaire des troupes de Marchand. Cette humiliation nationale renforce l’anglophobie jusqu’à l’Entente Cordiale de 1904.

Depuis lors, la France s’est retirée de cette région même si un projet de canal a été lancé dans les années 80. A l’époque, la France, très proche du gouvernement de Khartoum, a commencé à creuser le canal de Jonglei, 360 km, qui devait permettre de vastes cultures irriguées dans le Sudd [2], les marécages des territoires Dinka et Nuer et apporter plkus d’eau à l’Egypte à partir du Nil Blanc. Ce vieux projet qui datait d’avant la guerre a commencé à être réalisé en 1978 par les Grands travaux de Marseille mais, en 1984, le SPLA [3] a attaqué le chantier et les ingénieurs français sont partis. Depuis 2008, les Soudanais du nord veulent le reprendre mais ceux du sud n’en veulent toujours pas de peur de bouleverser les écosystèmes particulièrement riches de la région et les activités pastorales, des Dinka, des Nuer et des Shilluk. Bien sûr, aucune étude d’impact environnemental n’avait été faite.

Aujourd’hui la France n’a que très peu de projet au Sud-Soudan, contrairement à la Grande-Bretagne, la Norvège, les Pays-Bas et les Etats-Unis, et aucune influence. En 2010, un rapport parlementaire français considérait comme une catastrophe la possibilité de l’indépendance du Sud-Soudan même si la France soutient le nouvel état : après l’indépendance, elle va transformer en ambassade, le consulat qu’elle vient d’ouvrir à Juba.

Sur le même sujet  :
Sud-Soudan : naissance au forceps, http://www.lemondecommeilva.com/naissance-au-forceps-du-sud-soudan,220
Sud-Soudan, paradis des ethnologues http://www.lemondecommeilva.com/sud-soudan-paradis-des-ethnologues,221
Et le pétrole ? http://www.lemondecommeilva.com/et-le-petrole,223

[1aïeul de madame Chirac

[2"barrière" en arabe

[3Sudan People’s Liberation Army

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