EXPOS

Le travesti de Louis XV

28 juin 2012

L’histoire du chevalier d’Eon fait partie de ces énigmes de l’histoire de France dont raffolaient les lecteurs d’Alain Decaux, André Castelot et les autres. Agent secret pour Louis XV, Charles Geneviève-Louis-Auguste-André-Timothée de Beaumont, chevalier d’Eon (1728-1810) laisse un sillage sulfureux puisque ce chevalier était aussi une chevalière. Hermaphrodite alors ? En tout cas il a donné son nom à l’éonisme, mot assez rare signifiant travestissement.

Les histoires que l’on raconte sur le chevalier d’Eon montre pour le moins qu’il aimait à s’habiller en femme. La tsarine Elisabeth ayant découvert que sa liseuse était un homme aurait tenté de le croquer tout cru. Sans succès. Quant aux Britanniques chez qui il résida plusieurs années, ils ouvrirent des paris sur son sexe. Une ordonnance de Louis XVI lui donne l’ordre de ne plus quitter ses habits de femme et de cesser de paraître en uniforme de capitaine des dragons, ce qui ne l’empêche pas de continuer à se battre en duel malgré l’âge et l’embonpoint en remontant ses jupons. Il meurt en Angleterre ruiné à l’âge de 82 ans. Quant on fit sa toilette mortuaire, on s’aperçut que la charmante vieille dame était en fait un homme pourvu de tous ses attributs.
Le chevalier d’Eon, habillé quarante-neuf ans en homme et trente-trois en femme, est enterré au cimetière de la paroisse Saint-Pancrace, dans le comté de Middlesex, ce qui ne s’invente pas !

Pourquoi en parler aujourd’hui ? Parce qu’un tableau le représentant vient d’être acheté par la National Portrait Gallery. Il s’agit d’une peinture attribuée d’abord à Gilbert Stuart, dont le célèbre portrait de George Washington est sur les billets d’un dollar, sous le nom de Portrait de femme. Mais il s’agit en vérité d’une œuvre de Thomas Stewart qui, lorsqu’elle fut nettoyée, montre un menton bleui par la barbe qui repousse sous la poudre. Notre mystérieuse inconnue est un homme déguisé en femme, avec une robe et un chapeau à cocarde, Charles de Beaumont, chevalier d’Eon. Il s’agirait d’une copie d’après une toile de Jean-Laurent Mosnier exposée à la Royal Academy en 1791, copie commandée par Francis Rawdon Hastings, qui nourrissait un certain goût pour les portraits originaux.

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