EXPOS

A table avec l’empereur de Chine

21 juin 2012


L’affiche montre un bol bleu et blanc rempli de riz et deux baguettes. Tout simple, très emblématique mais assez éloignée de la nouvelle exposition du musée du Quai Branly : « Les séductions du palais, cuisiner et manger en Chine », visible jusqu’au 30 septembre. Dépaysement garanti.

Les séductions du palais ? Du « palais » ou du « palais » ? Celui de la bouche ou celui du roi ? Les deux sans doute lorsque l’on découvre les magnifiques objets dont la plus grande partie est prêtée par le Musée national de Chine. C’est bien à des festins royaux que nous sommes conviés avec des vaisselles et des ustensiles d’un raffinement et d’une délicatesse extraordinaires et ce, dès la préhistoire avec, en particulier des vases de bronze sous le règne des Shang (1507-1045 av. J.-C.) pour préparer, servir et consommer l’alcool. C’est aussi à cette époque l’alimentation s’enrichit de viande comme le montre la séduisante recette de « Patte d’ours » appréciée par le roi Zhou [[« la patte d’ours ne peut être consommée directement après avoir été coupée. Il est nécessaire de la laisser rancir une à deux années avant de la mettre en cuisson… » Après deux ans sous la chaux, elle est prête à être cuisinée au miel.]. Sous le règne des Zhou (1045-221 av. J.-C.) il existait d’ailleurs un « ministère des Nourritures » et 2271 des 4000 employés du palais étaient chargés de l‘alimentation…

L’exposition, toute savante qu’elle soit, a pensé aux dilettantes, à ceux qui viennent voir de beaux objets mais ne préparent pas de thèse –l’un des péchés mignons des musées français. On peut admirer le luxe de la vaisselle en or ouvragé de la dynastie Tang (618-907), les bols en jade des Qing (1644-1912), les laques, les porcelaines fines, les céladons délicats de cette cour lointaine où chaque préparation avait son récipient particulier. Et on peut aussi lire quelques recettes savoureuses en plus de cette patte d’ours au miel qui donne une petite idée des trésors d’imagination des chefs : Chien braisé dans un bouillon de tortue, de la dynastie des Han, d’Oie rôtie dans l’agneau, appréciée des Tang, sans parler de ce prometteur Dragon et Phénix sous le signe du bonheur issu d’un des banquets impériaux mandchous-han.

L’exposition se termine par une installation vidéo du collectif d’art numérique PLEIX, clin d’œil à tous ceux qui aiment les restaurants chinois, de Chine et d’ici, avec leur "Lazy Susan", les tables aux plateaux tournants qui permettent de passer un plat sans se lever, le faire tomber, en renverser, se salir... loin de la Fondue de faisan Zhigeng destinée au souverain Yao.

A noter le week-end Gastronomie et traditions chinoises, les 6, 7 et 8 juillet.
Au programme : déambulation gastronomique dans le jardin, ateliers d’initiation au majhong et autres jeux chinois, cérémonie du thé, rencontre avec Yu Zhou, auteur de La baguette et la fourchette, éditions Fayard...
Accès libre dans la mesure des places disponibles.

Informations pratiques sur www.quaibranly.fr

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