Le roi de la capote

21 juin 2012

On couche avec sa tête

Première déclaration : « il faut arrêter de coucher en laissant son cerveau au vestiaire ». Peu de chose l’agace autant que celles et ceux « qui couchent d’abord et séduisent ensuite », ou jamais. « Ils font tout à l’envers ». En fait, nous sommes dans une société de la performance qui oblige les femmes à jouir et les hommes à tenir trois heures alors que les inhibitions sont toujours bien là auxquelles se sont ajoutées des idées pêchées sur internet.

La révolution sexuelle date plus ou moins des années 70 mais, en réalité, l’éducation sexuelle n’existe pas vraiment plus qu’autrefois : « ce n’est pas parce que l’on vous apprend à dérouler un préservatif sur une banane en plastique et que l’on dispose de planches anatomiques des appareils génitaux masculin et féminin que tout est réglé ». Les parents attendent tout de l’école et vice versa. C’est ainsi que la sexualité reste un gros problème en France. Rien n’est dit sur les rapports homme-femme, sur la séduction, l’orgasme, le plaisir, la prévention intelligente…

Grossesse surprise

Deuxième déclaration : « on chapeaute tout de suite le sexe en érection ». Tout de suite car dans le liquide séminal qui lubrifie l’urètre masculin, s’ébattent déjà des spermatozoïdes et qu’un seul suffit. Et ça, beaucoup d’hommes l’ignorent.

Marc Pointel s’enflamme aussi contre les parents qui « refusent bêtement la pilule à leur gamine de 14 ou 15 ans » les poussant ainsi à l’IVG. Malheureusement, nos enfants boivent de plus en plus, comme le constatent les services d’urgence et le SAMU, et, lorsqu’ils sont saouls, rien ne les arrête plus. Binge drinking (cuite quoi !), skin parties, tous les cerveaux sont aux abonnés absents et techniquement, c’est un viol car la fille n’a pas conscience de ce qui lui arrive. Triste société dont la jeunesse doit exploser l’éthylotest pour oser y aller. Cette inhibition majuscule est renforcée par les réseaux sociaux et bien sûr par les sites pornos que les filles consomment autant que les garçons.

Ni Rocco Siffredi, ni Mélissa Lauren

Troisième déclaration : « il faudrait que les hommes arrêtent de vouloir un énorme sexe… et les filles d’énormes seins et un minou épilé » parce que c’est ce que l’on voit sur l’ordi. « Nous petits Blancs de l’hémisphère nord, nous avons une qualité, celle d’avoir une verge érectile qui peut atteindre 15 ou 20 cm ou plus », dixit le roi de la capote. Attention donc à ne pas traumatiser définitivement un garçon en se moquant de son sexe au repos, ou une fille qui ne fait pas du 90 D de soutien-gorge. On parle de micro pénis pour des verges de 15 mm et une fille aux petits seins n’est pas une erreur de la nature !

Ni un "ami" à la Zuckerberg

Et puis les relations homme-femme ce n’est pas comme de discuter avec des « amis numériques » de Facebook, amis qui nous ressemblent comme le montre une étude. Facebook nous met dans une bulle de personnes qui pensent comme nous alors que IRL [2], il y a plein de gens différents avec qui il faut négocier et on a oublié comment faire. On ne sait plus séduire non plus et on pose son portable sur la table en espérant que quelque chose d’intéressant se passe sur internet pour nous tirer de là. [3]

Marc Pointel est indiscutablement pour la vraie vie et son enthousiasme pour le préservatif a quelque chose de communicatif. Oui, il est désolant que le taux d’IVG ne diminue pas. Oui, il est effroyable que les jeunes risquent leur vie avec des MST par inhibition : « ce sont les filles qui en parlent le mieux mais elles ne vont pas en acheter pour elles. Elles demandent à leurs copines ». Et ce n’est pas non plus le manque d’argent : « Cela coûte combien un paquet de clopes ? » Il ajoute « et un sac Vuitton ? » Visiblement, Marc Pointel croit plus aux vertus d’une vie sexuelle épanouie qu’à celles de la toile monogrammée. "

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