LIVRES

Maman, j’ai peur !

12 juin 2012

En feuilletant le Guardian, nous sommes tombés sur la reprise du blog de Jenny Colgan, une Anglaise installée en France qui s’alarme de l’aspect terrifiant des livres pour enfants dans notre beau pays.

Cette sympathique ménagère -il n’y a qu’une ménagère pour avoir des idées aussi rustiques- arrivait des Pays-Bas où les petits lapins pouvaient être copains avec les bébés dinosaures et là, elle trouve des histoires de petits qui hurlent d’horreur parce qu’ils ont perdu leur maman… Mais la vie, ce ne sont pas des lapinots jolis qui font la ronde dans les champs de primevères ! En France, nous ne prenons pas les enfants pour des débiles qui vivent au pays des Bisounours. Nous les préparons à la réalité et à ce sujet, je me souviens d’un film genre « Cosette dans les corons » avec des petits enfants étouffés dans des puits de mine, des pères mourant de silicose et des mères se prostituant à l’odieux contremaître en salopette pour élever leur progéniture. Ça, c’était de la préparation ! J’avais gâché la projection en sanglotant comme une perdue, évitant ainsi de justesse l’épilogue coup-de-grisou-incendie-tuberculose. Aujourd’hui, les corons sont classés, ou vont l’être, "patrimoine de l’UNESCO" et les ch’tis sont de joyeux drilles en jogging mais la réalité n’est pas devenue plus souriante. Ah mais non !


L’important c’est de ne pas faire croire aux enfants que ça va être simple. Dehors les bébés roses qui sourient, on veut Mercredi Addams et Mr Jack avec leurs petites mines verdâtres et leurs grands cernes ! Dehors le papa avec la maman, ces deux-là ne peuvent se saquer et vont divorcer ! D’ailleurs Solexine a deux papas et Thiburge deux mamans dont un transgenre. Oui, la question du genre et du conformisme sexuel sont aussi le cœur du sujet.
La petite Ablette a une leucémie parce que, toutes façons, le monde est pollué à mort et qu’un humain sur 10 aura son cancer. Ses parents sont obèses et portent des chaussettes pour diabétiques. Sa sœur, anorexique, défile pour Lagerfeld, c’est la seule qui s’en sorte car son petit frère Silure est mort en jouant au foulard au collège de la ZEP. Qu’est-ce qui manque encore pour que le panorama soit juste : la guerre ? Un attentat ? La pédophilie… oui, c’est important : Dylan, le frère chômeur de Maman-papa, a mis sa main sur le zizi de Poutargue, la petite voisine. Oui, Poutargue a un zizi, c’est un ferm, un pseudo-hermaphrodite femelle, l’un des cinq genres existant. Vous en étiez resté à deux ? [1]

Et puis, il faut bien le rappeler, tout ça finit par la mort. Epargnez nous la niaiserie d’usage : « ils se marièrent, vécurent très heureux et eurent beaucoup d’enfants ». D’abord, ils ne se marièrent pas, sauf les gays, les seuls que cela intéresse encore. Ils ne vécurent pas heureux du tout, endettés qu’ils étaient avec leur prêt Cofinoga pour s’offrir un écran 3D dans le jacuzzi. Ils noyèrent leur détresse dans la tequila coupée de vieux pneus et dans les paupiettes de saumons transgéniques. Papa se prend pour un alligator et ne quitte plus la baignoire. Maman a des nageoires qui poussent. Des enfants ? Où çà ? Pour quoi faire ? Pour qu’ils meurent englués dans le bitume ? Ah non, ça c’étaient les mammouths…

[1voir le hors-série Science & Vie, les Nouveaux mystères du sexe, mars 2012, p 70-71

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