EXPOS

Georgia O’Keeffe en son musée

24 mai 2012


L’œuvre de Georgia O’Keeffe constitue un des gros succès de la maison d’édition Taschen entre autres, et ses peintures font de magnifiques posters. Pourtant la visite du musée O’Keeffe à Santa Fe reste une des belles surprises de la ville.

Malgré tous les progrès de l’édition, rien ne remplace jamais le face à face avec un tableau et, pour Georgia O’Keeffe que l’on croit si bien connaître, la différence est très nette : les couleurs, la taille de la toile, la transparence et l’éclat même de ces pétales, la douceur et le velouté de ces corolles sombres, l’arrogance de ces pistils, c’est une plongée dans la nature même avec sa beauté et sa menace parfois. Qui peut dire si ses fleurs ne sont pas vénéneuses ? Certaines semblent prêtes à nous engloutir dans leurs replis fastueux et maléfiques comme ceux d’une plante carnivore. Nous engloutir ou nous accueillir ?
Alors oui, bien sûr, malgré les commentaires dépassionnés de l’artiste du genre « oui, je les ai faites comme ça parce que c’était plus facile et que personne n’y avait pensé avant », on est obligé d’y lire plus que de la simple botanique ! Georgia 0’Keeffe qui refusait en bloc toute interprétation freudienne a su rendre érotiques des fleurs aussi simples que des arums, des pétunias ou des coquelicots en nous plongeant dans ces vagues colorées, presque abstraites à force de gigantisme.
Mais cela justifie-t-il de la réduire à l’icône gay qu’elle est devenue pour certains ? Certainement pas. D’ailleurs ce que l’on sait plus ou moins de sa vie reste énigmatique : ses lettres au photographe Joseph Stieglitz, son amant puis son mari, montre une femme passionnée et, si leur mariage fut très tumultueux, émaillé d’un grand nombre d’infidélités de part et d’autre, rien ne permet de dire que Georgia O’Keeffe était homosexuelle. Bisexuelle sans doute.

Et puis son œuvre ne se résume pas à des fleurs géantes, il y a aussi de merveilleux paysages de ce Nouveau Mexique où elle se sentait si bien qu’elle s’y installa, de ces étendues arides où elle partait camper, de montagnes aux couleurs
changeantes, de vallées aux drapés mouvants : "Ce sont les les formes des collines qui me fascinaient. Les collines de sable rougeâtre surplombées de mesas noires. On aurait dit que quel que soit la distance que l’on parcourait, jamais on n’atteindrait ces collines sombres, et j’ai marché longtemps." En découvrant Ghost Ranch où elle s’installa par la suite, elle nota : "Toutes les couleurs de terre de la palette d’un peintre sont là, dans ces étendues désolées. le clair jaune de Naples au travers des ocres - des terres oranges, rouges et violettes- et même des terres d’un vert doux... je crois que ces collines, notre désert, sont le plus beau pays du monde".

On n’oubliera pas non plus sa très réelle fascination pour les os blanchis au soleil qu’elle ramassait au cours de ses promenades. Une des toiles les plus étonnantes est un crâne de bélier et un volubilis bleu épanoui, magnifiques et insolites.

L’extrême qualité des toiles de Georgia O’Keeffe est d’autant plus éclatante que les galeries d’art "western" se succèdent le long des rues de Santa Fe et qu’il y aurait beaucoup à dire sur certaines qui n’hésitent pas à exposer des tableaux assez médiocres.

217 Johnson Street, Santa Fe, New Mexico 87501
Tél. : 505.946.
www.okeeffemuseum.org/

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