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5 mars 2012

Vous connaissez Yves Jégo, élu de Montereau-Fault-Yonne ? Il a eu l’idée du siècle : faire dans sa commune de 16 000 habitants un parc d’attraction Napoléon. Un Napoland en souvenir d’une bataille gagnée contre les Autrichiens, juste avant de mettre la clef sous la porte et de s’embarquer pour l’île d’Elbe. Autant dire que ce n’est pas une gigantesque victoire carillonnée comme Austerlitz !

Une ambiance saine et virile

Le projet du député-maire s’appelle le Bivouac de Montereau et sera « à la croisée de la culture et des loisirs » avec « des ambiances de bivouacs ou la traversée de la Bérézina », écrit le JDD [1] jamais avare de ravissement patriotique. Cool, l’ambiance Bérézina avec orteils gelés, ponts de bateaux emportés, grognards amputés à vif et crêpes à la galoche bouillie, flambées au mauvais alcool de patates, au McNapo local. On parle d’une montée du Saint-Bernard sous cloche dans une fausse station de ski et d’une bataille de Trafalgar vue d’en dessous, dans un aquarium… Grisant, non ? On attend aussi un faux couronnement reconstitué à la salle polyvalente André Malraux, avec les enfants des écoles en dames d’honneur et maréchaux d’Empire, des distributions d’aigles en chocolat et de Légion d’Honneur en massepain, avec pincement d’oreille si on a pris le supplément Mamelouk…

Cro-Magnon jumelé à Néanderthal

L’idée d’Yves Jégo va faire des jaloux, c’est sûr. Chaque commune est en train de se creuser la tête pour trouver aussi bien : Paimpont travaille sur un projet Table Ronde avec ventes d’Excalibur en fibre de carbone pour les collectionneurs. Nantes étudie un pharaonique Tour du Monde en 80 €, autour de Jules Vernes. On dit que le très controversé futur aéroport de Notre-Dame des Landes serait en fait une base de lancement d’obus s’envolant vers la lune.
Il serait question en Dordogne d’un Cocorico Cro-Magnon, mi-voyage dans le temps, mi-Ile de la Tentation, puisqu’il faudrait aller chercher son auroch avec sa petite pierre taillée sans que la Cro-Magnonne ne s’échappe avec ce peintre de caverne, tellement sexy dans sa peau de bête. Ce parc serait par ailleurs jumelé avec le site de Néanderthal, en Allemagne, plus axé sur la chasse et les performances sportives. Plus intello mais délicieusement français, le parc Petit Marcel, à Illiers-Combray dont la caractéristique serait une consommation hors norme de « petites madeleines » et des repas sans fin avec d’interminables conversations sur le faubourg Saint-Germain : un parc « de niche », jumelé vraisemblablement avec le parc Virginia Woolf à Bloomsbury square. Le parc Dubliners autour de James Joyce est aussi sur les rangs. Toujours pour les littéraires, un Grangousier, un peu paillard, avec filles à trousser et concours du plus gros mangeur de pieds de porc à la Saint-Menehould, arrosés de Chinon bien sûr, le tout dans la maison natale de Rabelais, la Devinière.

Mieux que Paris-Plage

A Paris, on peaufine – si Bertrand Delanoë soutient le projet- un flamboyant Notre-Dame de Paris sur l’île de la Cité, à la place de la Préfecture et du Palais de Justice. On reconstruirait les ruelles médiévales sur le parvis de la cathédrale qui, il faut bien le dire, n’est qu’une esplanade pleine de courants d’air. La statue de Charlemagne serait remplacée par un Quasimodo d’Ousmane Sow. Moins scolaire et plus puissante. Entrée libre pour les jeunes femmes accompagnées d’une chèvre.

En vrac d’autres idées : un parc Areva au Tricastin avec simulation de fusion du cœur des réacteurs et émission de radioisotopes, dans une ambiance Three Miles Island, parce que Tchernobyl, ça craint trop ; un Gros Quinquin à Lille autour de la personnalité chtonienne de Pierre Maurois, un Pélerinage à la Roche-Solutré à découvrir en baskets avec des guides portant un masque de Jack Lang et un Philippe Pétain à Vichy avec sortie de messe à Saint Louis, promenades dans les Parcs et distribution de pastilles. Rien n’est prévu sur la Grande Guerre, Provins a déjà un musée.

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