L’uranium au Niger (1)

7 février 2012

Les colonies, c’est fini

Pour commencer tout de suite par ceux qui font du mauvais esprit, chez Greenpeace, on s’étonne de la formule : il y a longtemps que la France ne produit plus d’uranium et que nous dépendons tout particulièrement du Niger qui, rappelons-le aux cadres d’Areva qui ont peut-être tendance à l’oublier, n’est plus une colonie mais un état indépendant. Et comme les choses s’annoncent, ce serait bien de s’en souvenir. Même si l’uranium du Niger assure notre pseudo indépendance énergétique et aussi notre indépendance militaire. Ici, il ne s’agit pas que d’électricité mais aussi de bombe...

Cancer ? Non, SIDA.

En fait, aujourd’hui, les mines d’uranium du Nord du Niger mécontentent deux groupes distincts : les écologistes et les éleveurs. Des intellos et des nomades.
Les anti-nucléaires ont essayé de discuter avec Areva, Greenpeace a envoyé une équipe pour voir ce qui se passait mais les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances même s’ils ont obtenu la nomination d’un médecin du travail à Arlit. En effet, jusqu’en 2010, il n’y en avait pas : pas de médecin du travail, pas de radiation, pas de cancer. En revanche, on avait signalé des cas de SIDA.

Contamination générale

Pourtant la vie n’est pas très saine dans la région : Areva a en effet créé de toutes pièces cette ville de 80 000 habitants où rien n’a été prévu en terme d’environnement. La nappe phréatique est utilisée sans aucune précaution pour la mine et ce qu’il reste d’eau est contaminée. Les maisons sont souvent construites avec des ferrailles de récupération hautement radioactives vendues sur les marchés.. La poussière sur le sol est pleine de radon, un gaz radiotoxique dont la durée de vie n’est pas longue mais qui est partout, dans les maisons, dans les rues, y compris devant l’hôpital. Le problème d’Arlit et des mines d’uranium en général est celui des déchets qui sont partout et polluent l’eau, la terre et l’air.
Les familles et les enfants mangent et inhalent des produits radioactifs du matin au soir et même du soir au matin puisque les maisons en sont pleines. Mais aucune étude sérieuse n’a été faite jusqu’à ce jour malgré les demandes de Greenpeace, de Médecins du monde et de SHERPA [1].

L’appétit chinois

Cinq ans après la visite de Greenpeace, rien ne semble avoir changé si ce n’est que le gouvernement nigérien a accordé des permis d’extraction pour divers minerais à une dizaine d’autres compagnies, des Canadiens aux Chinois. Ces derniers sont à la tête de la seule autre mine en fonctionnement, une autre mine d’uranium, celle du gisement d’Azelik et leurs méthodes font passer Areva pour des enfants de chœur.

Il faut dire que, pendant 50 ans, Areva a été la seule compagnie à travailler au Sahara même si tout le monde savait que le Sahara était très riche en minerais de toutes sortes. Mais c’était loin, compliqué et il y avait suffisamment de gisements plus faciles à exploiter. Ce qui a changé est la gourmandise subite de la Chine qui achète tout, partout, et depuis c’est la ruée.

Pour répondre à toute cette concurrence, Areva avait prévu d’ouvrir à Imouraren la mine d’uranium la plus importante du continent et la deuxième au monde, mais tout est gelé : Fukushima a calmé les enthousiasmes du Japon et de l’Allemagne, les deux principaux acheteurs.

La semaine prochaine : le mécontentement des nomades

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