Archi vert

16 janvier 2012

Alors que les "verts", les "écologistes" labellisés tels, montrent plus d’intérêt à récupérer les voix des partis de gauche qu’à sauvegarder la nature, il est extrêmement réconfortant de rencontrer Jean-François Daures, architecte à Montpellier et écologiste tous azimuts. Lui, la nature il l’aime, il la respecte et y consacre toute son énergie qui est assez formidable [2].

Une vraie démarche écologique

Sa vision de l’architecture est très révélatrice des changements de préoccupations de la nouvelle génération. Pour lui, le développement durable détermine en profondeur ses choix, tout autant que l’esthétique. C’est ainsi qu’il habille ses constructions de manteaux de verdure sans faire de « tableaux à usage décoratif » comme le célèbre précurseur à cheveux verts.

Si « Patrick Blanc a réussi l’exploit de faire vivre des plantes sur un mur », Jean-François Daures est dans une autre démarche : il veut que ses murs végétaux apportent un bien-être véritable, un confort visuel, une amélioration thermique et phonique. C’est pourquoi il s’est associé à des chercheurs du CNRS, du CIRAD [3] et de l’INRA  [4] pour résoudre les véritables problèmes qui se posaient.

La sphaigne du Chili

A la différence des luxueuses installations souvent temporaires de Patrick Blanc et des bacs cloisonnés de Canevaflor, Jean-François Daures est allé chercher de quoi créer une « peau végétale ». C’est en Amérique Latine, qu’il a trouvé la sphaigne, une mousse qui se régénère en trois ans, cultivée par des coopératives de récoltants car son engagement dans le développement durable s’applique aussi dans ce domaine. Il apporte de la richesse avec cette plante qui n’était pas cultivée ce qui permet aux habitants de Chiloé, au Chili, d’en vivre. Dans la même logique, la sphaigne voyage en bateau jusqu’en France. Bilan carbone positif ! Et arrivée sur place, la plante se débrouille.

Louis Vuitton conquis

C’est ce mélange d’intelligence, d’engagement et de science qui fait le succès de sa société, Vision, et c’est ainsi qu’il a gagné une consultation internationale lancée par Louis Vuitton pour son siège social, rue du Pont-Neuf. Les plus grands et les plus célèbres étaient en lice mais c’est son projet qui a été retenu. Il faut dire que, toujours en quête d’innovation, il a présenté son jardin extraordinaire en 4 D, la quatrième dimension étant le temps. On pouvait donc voir l’évolution de ce ruban sur six ans.

Plantes aux antipodes

Impossible de dire tout ce que Jean-François Daures a dans la tête : il fait une école communale à Montpezat, une crèche associative tout en bois local (châtaigner, pin de Douglas) « frit » à l’huile de lin ce qui le rend aussi imputrescible qu’un bois exotique, des yourtes végétalisées, des collines habitées genre Bilbo le Hobbitt. On lui doit aussi des sanitaires écologiques pour bords de mer, Nomade, des plafonds végétaux, où les plantes vivent la tête en bas, les racines au dessus du feuillage. Et si on en a déjà vu en photo, le tout était installé juste avant la prise de vue et démonté ensuite. Avec Jean-François Daures, on a des biotopes où les plantes modifient leur croissance et poussent en spirale pour capter le maximum de lumière. Ces plafonds végétaux absorbent formidablement bien le son en plus d’être décoratifs comme on le verra à la grotte de la Salamandre dont le hall avec la billeterie sera totalement végétalisé avec des fougères, des pervenches et des acanthes. Pour l’instant, le chantier dort pour ne pas déranger les chauves-souris qui hibernent.

Jean-François Daures est un enthousiaste. A 39 ans, il a tout compris des problématiques du monde actuel : on lui souhaite plein de projets et en attendant, nous vous recommandons son livre Architecture végétale.

Tweeter