AIR DU TEMPS

Ia Orana Paris !

14 juillet 2011

Pour célébrer l’année de l’Outremer, la France s’est offert un défilé du 14 juillet couleur lagon et fleur de frangipanier, avec des officiers portant un collier de coquillage sur leurs décorations !

Le Monde comme il va n’est pas l’organe d’une quelconque officine militariste mais aujourd’hui, nous avons aimé le défilé du 14 juillet. Non pas les sempiternels Sambre et Meuse et autres chants virils, dégoulinant de testostérone. Pas non plus les inévitables grandes écoles avec leur lot de super-matheux et de musclés prêts à grimper au sommet de la hiérarchie plus vite qu’un gibbon le fait sur un arbre de Bornéo. Bon, les Gardes Républicains à cheval, c’est toujours bien, mais le clou, et pas seulement pour le côté folklorique, c’était ces Polynésiens faisant le haka place de la Concorde, donnant pour une fois un peu de visibilité à ces Maoris oubliés de la France.

Nos bien-aimées provinces caraïbes

En métropole, on aime les Antillais et on les connaît bien. On plaisante de leur accent que l’on adore, on chante « Adieu madras, adieu collier-chou », et on va passer nos vacances au François à la Martinique et à Sainte-Anne à la Guadeloupe. Parfois, on s’aventure jusqu’à Marie-Galante. Ce sont comme de vieilles provinces françaises qui auraient dérivé vers la mer Caraïbe. La France a toujours eu des hommes politiques antillais et même un président du Sénat guyanais, Gaston Monnerville. Et qui ne connaît le rôle de Félix Eboué dans le ralliement de l’AEF à la France Libre ? Aujourd’hui, après Lucette Michaux-Chevry, c’est sa fllle Marie-Luce Penchard qui est à l’Outremer… La Réunion vient en second dans notre connaissance des DOM-TOM : la France a même eu un Premier Ministre réunionnais, Raymond Barre et, globalement cette île nous est assez familière. Comme il n’y a pas de plage, les tour-opérateurs organisent des packages rando-deltaplane et détour par Maurice pour la baignade.

La Polynésie loin des poncifs


Mais qui connaît la Polynésie ? En dehors de l’image de la vahiné facile et de Gaston Flosse, symbole de toutes les turpitudes du gaullisme tropical ? Qui sait qu’elle s’est ralliée à la France Libre le 2 septembre 1940 et que le Bataillon du Pacifique s’est illustré à Bir-Hakeim et au Mont Cassin ? Bien sûr, ils sont à l’autre bout du monde mais ce n’est pas une raison pour les oublier. La culture maorie est d’une extrême richesse même si nous ne la connaissons que peu. La « mère patrie » a fait tout ce qu’elle a pu pour éradiquer la langue maohie, comme elle l’a fait avec le breton, le basque, l’occitan…

Aujourd’hui, à Tahiti et dans les îles de la Société, on essaie de rattraper le temps perdu : des maternelles s’ouvrent où les petits peuvent parler la langue de leurs ancêtres, le tatouage redevient quelque chose de fort, la danse retrouve ses racines loin des pathétiques spectacles pseudo-folkloriques pour vacanciers en goguette et la musique traditionnelle reprend ses droits. D’où ce haka magnifique qui n’est pas réservé aux équipes de rugby néo-zélandaise et tongienne !

Merci donc aux organisateurs de ce défilé qui nous ont montré que la Polynésie Française était bien vivante et qu’il faudrait s’en préoccuper un peu plus surtout si l’on garde à l’esprit que la civilisation maorie est la plus répandue dans le monde : un triangle de 8 000 km de côté [1], d’Hawaii au nord à la Nouvelle-Zélande au sud , et à l’île de Pâques.

[1Paris-Pékin ou la hauteur de l’Afrique de Tanger au Cap

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