EXPOS

Léviathan d’Anish Kapoor

6 juin 2011

Jusqu’au 23 juin, découvrez Léviathan, une œuvre monumentale d’Anish Kapoor, à mi-chemin entre l’art et la psychanalyse !

Il y a quelque chose de présomptueux dans une expo qui s’appelle Monumenta. Cela suppose une taille, et une beauté peut-être, hors norme, imposante. Comme l’an dernier c’était Boltanski et ses amoncellements de fripes signifiantes et que ça, franchement, pour qui a un peu voyagé, cela ne signifiera jamais autant qu’un marché au Burkina ou une décharge en Inde, on se méfiait un peu. Mais Anish Kapoor, né à Mumbai –Slumdog Milionnaire et la décharge de Dharavi, vous vous souvenez ?- ne risquait pas d’essayer de nous en mettre plein la vue avec des montagnes de vêtements. En fait, si l’art se mesure à l’émotion qu’il suscite, ce Léviathan est une réussite.

Léviathan, si l’on en croit la Bible, est monstre marin colossal, dragon, serpent et crocodile, qui jaillit des abysses pour détruire notre monde.
Pourtant ici, sous la haute nef du Grand Palais, le monstre est plus intime et nous sommes invités à pénétrer en son sein, des cavités multiples, sphériques, rouge sombre dont on ne comprend pas l’agencement et au travers desquelles on aperçoit l’armature de la verrière. L’ensemble est troublant par sa taille, sa résonance et ses courbes. Par une transparence diffuse qui laisse passer la lumière et les sons mais bouche l’horizon. Ce Léviathan-ci nous ramène à notre passé plus ou moins lointain de petit poisson barbotant dans le ventre maternel. Ce n’est pas particulièrement original non plus mais c’est réussi : il n’est qu’à être attentif aux réactions des visiteurs pour comprendre combien cela touche. Certains se sont assis le long des courbes, d’autres sont allongés alors que pour certains, la visite est une véritable épreuve. Une jeune femme s’accroche au cou de son son ami et répète : « C’est flippant ce truc, ne me lâche surtout pas ! ». L’aquarium interne de Maman n’a pas laissé de bons souvenirs à tout le monde.
Une chose est sûre, personne ne résiste au besoin de toucher la « peau » de cet organe géant…
La suite de la visite est plus détendue : on sort dans la lumière et on découvre l’extérieur de la matrice, énormes ballons d’on-ne-sait-quelle baudruche prune, brillant sous le soleil qui inonde la nef. C’est insolite et joyeux, toujours assez organique d’aspect mais on a quitté l’appareil reproducteur de Léviathan pour son gros intestin ou un estomac qui fait de l’aérophagie.
Tout ça pour dire que l’expérience est intéressante : à une époque où tant d’ « œuvres » ne sont que du « rien », de la bouffissure stérile espérant encore choquer un bourgeois qui a tout vu depuis longtemps, Anish Kapoor nous atteint aux entrailles, ce n’est pas si courant !

MONUMENTA 2011- Anish Kapoor – Leviathan – Vue Intérieure de l’œuvre.

Photo Didier Plowy

Nef du Grand Palais, porte principale,
avenue Winston Churchill.
5 euros

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