EXPOS

Lucknow, le rêve évanoui

30 mai 2011

Un voyageur français à Lucknow écrivait en 1840 : "on peut se faire illusion et se croire à Paris". Le musée Guimet nous emmène à la découverte de ce métissage idéal où le meilleur de la société européenne se liait au meilleur de l’Inde, du milieu du XVIIIe siècle à l’établissement de la domination de la Couronne britannique un siècle plus tard, en 1858. Exposition conçue et organisée par le Los Angeles County Museum of Art.

Lucknow est comme un rêve évanoui dont ne subsistent que des tableaux et quelques objets d’un raffinement inouï, témoins de cette parenthèse durant laquelle la capitale d’Awadh supplanta Delhi, capitale de la dynastie moghole. Elle attira des artistes, des voyageurs, de diplomates, des commerçants européens, séduits par le dynamisme, la richesse, le style de vie de ses dirigeants, les fabuleux nawabs.
Les deux cents œuvres présentées vont surprendre aussi bien par leur beauté que par une relative familiarité quand on découvre certains portraits comme celui de Nawab Shuja Al-Daula et son héritier présomptif, Mirza Amani réalisé de Tilly Kettle, premier portraitiste anglais à faire carrière en Inde. Autres Européens à apprécier l’hospitalité des nawabs, Robert Home "artiste de cour", William Hodges, premier paysagiste à découvrir l’Awadh, les Français : Claude Martin, surintendant de l’Arsenal qui se fit construire l’incroyable palais de Constantia, Jean-Baptiste Gentil, mécène, Antoine-Louis Polier...

Les souverains de Lucknow se font construire « d’immenses bâtiments de style moghol, ottoman, palladien ou néoclassique », tout en collectionnant des objets européens. De leur côté, certains Occidentaux, devenus immensément riches, adoptent un mode de vie local. L’ambiance est somptueusement kitsch, décadente et efféminée à force de raffinement écrivent certains qui préfèrent la rigueur de Delhi mais c’est ce style Mille et Une Nuits, avec pierres précieuses, fontaines parfumées, colonnades délicates et coupoles légères, ces courtisanes aux bracelets cliquetants et aux parures de voile d’or et de diamants qui en fait tout l’incroyable séduction.

Malheureusement, les nawabs, tout à leur amour des arts et des plaisirs, oublièrent de se préoccuper de leurs frontières alors que la Grande-Bretagne étendait sa domination sur les Etats indiens. En 1858, la révolte des Cipayes, considérée comme la première guerre d’indépendance, servit de prétexte aux Britanniques pour détruire Lucknow dont il ne reste plus aujourd’hui que ce magnifique et émouvant héritage artistique.

Une cour royale : Lucknow (XVIIIe-XIXe)
Jusqu’au 11 juillet 6 place d’Iéna, Paris XVIe.
Renseignements au 01 56 52 53 00 et www.guimet.fr
8 euros

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