SPECTACLES

Rendez-vous avec Judith Magre

2 mai 2011

Présente-t-on encore Judith Magre ? Un petit tour sur Wikipédia rappelle qu’il n’y a pas une année où elle ne paraisse dans un film, à la télévision et surtout au théâtre ! Elle pourrait être « la grande dame du théatre français » : Giraudoux, Aragon, Durrenmatt, Camus, Copi, Stoppard, Tchekhov, Anouilh, Sartre… jusqu’aux Combats d’une reine de Grisélidis Réal, pièce qu’elle a jouée en Suisse au mois de mars. On connaît son physique impérieux, son maquillage de reine d’Egypte mais, Judith Magre, c’est bien d’autres choses et c’est de ces autres choses que nous avons parlé.

La rue de Tournon

Je n’aime que la vie d’hôtel. Etant jeune, lorsque j’avais des sous, je vivais dans un hôtel chic et quand je n’en avais pas, c’était un hôtel crade. Mes parents ne savaient jamais où me joindre et ont donc fini, en 1961, par m’acheter l’appartement que j’occupe encore aujourd’hui rue de Tournon.
C’était génial, il y avait en bas de l’immeuble un petit épicier où je m’approvisionnais et un bistrot en face qui me dépannait quand la glace et le whisky manquaient à 2 h du matin.
En fait, la rue est restée sans commerce, ou presque, jusqu’à l’arrivée d’Yves Saint-Laurent. Puis il y a eu la boutique de Tan Giudicelli avec ses robes magnifiques que je continue à porter, tant elles sont belles.
Mais le vrai luxe de cette rue, c’est la proximité du Luxembourg, non que j’y aille tout le temps mais il est là. J’aime aussi les expos du Petit Luxembourg mais je préfère les éviter s’il y a trop de monde. Je n’ai pas vu Monet à cause de cela : je jouais au Rond-Point et je voyais la file, interminable. En même temps, je ne raffole pas des nymphéas, je préfère Manet.

La maison

Si j’avais les moyens, je vivrais au Ritz. Je suis démunie devant tout problème ménager et je suis nulle en cuisine. J’aime picoler mais avec des amis. J’apprécie la bonne nourriture et la partager avec des gens que j’aime. Mais ce peut être de délicieuses asperges et un poisson poché, ou des œufs frais et un yaourt ! On me dit que j’ai de la chance parce que j’ai le marché Saint-Germain tout proche mais je n’ai que rarement le temps de m’y rendre. En revanche, je vais à Carrefour pour mes chats.

Les chats

J’en ai deux, une chartreuse et sa cousine, qui doivent avoir à peu près deux ans. Elles sont adorables et partagent leur emploi du temps entre bagarres et câlins. Tous les matins, l’une d’elle saute dans ma baignoire pour que je la brosse. L’autre vient immédiatement l’y rejoindre et ensuite, elles cherchent à boire l’eau du robinet. La nuit, elles dorment sur mes pieds. J’ai mis une couverture en mohair pour elles, comme ça, elles n’envahissent pas toute la surface du matelas !
Mais ma véritable histoire d’amour a été un persan que j’ai appelé Ludwig en l’honneur de la pièce que je jouais alors, Déjeuner chez Ludwig W. de Thomas Bernhard. Je l’ai trouvé un soir, en sortant du théâtre à Toulouse. J’ai d’abord cru que c’était un énorme rat. Il était terriblement sale. Il m’a couru après jusqu’à ma voiture et, avant que je n’ai le temps de fermer la portière, il était sur mes genoux, les deux pattes sur mes épaules. C’est là que j’ai reconnu le nez aplati du persan au milieu des poils noirâtres. Je l’ai soigné, lavé et gardé 18 ans. Ludwig m’a accompagné partout, y compris au théâtre et en vacances. Il était d’une totale beauté, beige aux yeux jaunes, une merveille. Aujourd’hui, avec les deux petites, c’est plus difficile de voyager mais, de toutes façons, les déplacements en avion sont devenus tellement insupportables que je n’aime plus bouger. Sauf en train, peut-être...

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