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Un tyran peut en cacher un autre

5 mars 2011

Aujourd’hui, le monde entier a les yeux fixés sur la guerre civile qui se prépare en Libye mais une autre se relance en toute discrétion, et qu’il ne faudrait oublier : la situation en Côte d’Ivoire est en effet très inquiétante même si Laurent Gabgbo n’a pas l’envergure d’un Mouammar Kadhaffi dans le rôle du super-méchant médiatique.

Au sommet d’Addis-Abeba de fin janvier 2011, l’Union Africaine a mandaté des chefs d’état pour trouver au plus vite une solution de départ négocié pour Gbagbo. Mais, parallèlement, elle donne l’impression d’avoir changé d’avis et d’être moins ferme sur le principe démocratique que Ouattara a été bel et bien élu. Ce flottement lui donne une très mauvaise image.
En effet, pour proclamer l’élection de Gbagbo, le conseil constitutionnel ivoirien a purement et simplement annulé les résultats de toutes les circonscriptions de plus d’un tiers du pays, celles du nord qui avaient voté à 80% pour Ouattara.

Des milliers d’Ivoiriens sur les routes

Ce qui inquiète aujourd’hui est la montée des violences : par exemple, des commandos « invisibles » pro-Ouattara ont saboté l’antenne de la télévision nationale, tandis que, dans l’autre camp, les forces pro-Gbagbo sèment la terreur dans plusieurs quartiers d’Abidjan. A Abobo, on a tiré jeudi 3 mars à la mitrailleuse lourde sur des femmes qui manifestaient. 200 000 personnes auraient fui ces jours derniers.
Face à la stratégie d’étouffement économique et financier de Ouattara, Gbagbo a nationalisé des banques qui avaient ordre d’arrêter leurs activités en Côte d’voire en vertu des sanctions de l’ONU ; il a aussi coupé l’életricité début mars dans tout le nord du pays. Tout ceci s’ajoute à des combats près de la frontière libérienne et des affrontements à Yamoussoukro, la capitale officielle.
Les esprits sont très échauffés dans les deux camps : la presse pro Ggagbo est plus violente que jamais tandis que la presse pro Ouattara a décidé de cesser de publier. Deux journalistes connus, Venance Konan et Tiburce Koffi , ont choisi de se réfugier en France pour sauver leur vie. Ils n’ont évidemment pas pris l’avion à Abidjan mais à Ouagadougou…

La France empêtrée dans son image

A l’international, les USA continuent leur pression sur Gbagbo alors que la France reste muette, officiellement dans l‘attente des résultats de la médiation africaine. Elle est très critiquée en privé par ses partenaires occidentaux qui dénoncent les erreurs qu’elle commet depuis des années : l’une des plus graves ayant été l’idée de Dominique de Villepin d’organiser une conférence de réconciliation à Marcoussis en France même en janvier 2003, coinçant la France dans son image néo-colonialiste. Les déclarations intempestives de Sarkozy qui donnait trois jours pour partir à Gbagbo, ont été également contre-productives en janvier dernier : elles lui ont même acquis des sympathies lors du sommet de l’Union Africaine à Addis. Quant à Ouattara, il serait peut-être temps qu’il sorte de sa réserve de haut fonctionnaire international et montre plus de compassion envers ceux qui se battent pour lui.

Tout cela donne un sentiment d’immense gâchis : des gens sont massacrés tous les jours alors qu’il y a plusieurs milliers de soldats des forces internationales de « maintien de la paix » à Abidjan et aux environs. Dont près de 1000 soldats français de la force Licorne.

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