AIR DU TEMPS

Copier-coller à Hollywood (2)

19 juillet 2013


La semaine dernière, "Le Monde comme il va" vous parlait de ces airs de "déjà vu" dans les films d’animation en 3D fabriqué à Hollywood. Triste loi de la plus grande pente qui consiste à faire, refaire et contrefaire toujours la même chose puisque "ça marche" ! Suite de l’enquête sur la "machine à pomper".

Les designs type sont copiés à un niveau industriel. Comme les designers apprennent tous à même école, la manière de dessiner est semblable. Les modeling artists et texture artists, qui se chargent d’habiller la surface des personnages 3D, travaillent tous avec le mêmes références en tête, si bien que les modèles 3D et les textures sont à peu près identiques. On ne peut pas dire non plus que les mouvements d’animation frappent par leur haut degré de singularité. Toutes ces étapes sont peaufinées par des spécialistes formés pour une tâche précise. Autrement dit, chacun place son petit composant sur la chaîne de montage du produit.

Nouveau et déjà ennuyeux


Avec l’Âge de Glace, le studio Blue Sky, alors novice en animation, avait comblé son retard technique par une énergie très Tex Avery ; leur dernier film, Epic, a rattrapé la technique des autres studios, et les images n’offrent plus rien d’exceptionnel. C’est propre, la lumière est bien travaillée, certaines surfaces sont joliment translucides, les textiles et les cheveux bougent de manière convaincante. Mais ce film ne ressemble pourtant à rien. Même le titre est banal.

La preuve par les yeux

Me mettant à la place de quelqu’un qui ne connaîtrait pas les différents studios, leurs projets en cours, leurs films récents, je me demande souvent comment cette personne pourrait réellement distinguer un film Pixar d’un film Dreamworks, d’un film Illumination, et tous les autres. Un simple coup d’œil aux affiches de Moi Moche et Méchant 2 et Monstres Academy (Monstres et Cie 2) : même fond blanc, même ombre au sol, attitudes similaires, gros caractères typographiques colorés. Et surtout, mêmes yeux.
Depuis l’année 1995, date à laquelle Pixar produisit Toy Story, le premier long métrage d’animation 3D, ces yeux n’ont jamais changé. D’un film à l’autre. D’un studio à un autre. D’un pays à un autre. Tous les yeux sont pareils. Depuis près de 20 ans, ils n’ont pas changé. Et ils sont affreux. Une boule blanche, un iris très coloré, quelques mouvements de sourcils, de préférence l’un plus haut que l’autre et le tour est joué. Seuls les animaux de Rango, remarquablement peu stylisés, avaient des yeux un peu différents. Mais aucun designer habituel n’y avait participé. Le film avait été produit hors du circuit des studios d’animation.

Machine à pomper

Quant au cinéma live action, l’on ne compte plus les projets qui semblent se parodier les uns les autres. Un produit a fonctionné pour la Fox, Warner veut le même, et inversement. Les effets numériques permettant un contrôle total sur la fabrication d’une image, celle-ci n’est plus qu’un assemblage d’éléments proposés ailleurs. Récemment, l’affiche du dernier Brad Pitt, World War Z m’a frappé par sa ressemblance avec un plan du dernier Star Trek, quasiment au pixel près. Du reste, l’affiche de celui-ci était elle-même une redite de l’affiche de Battle Los Angeles et The Dark Knight Rises réunis. La machine à pomper tourne à plein régime, et là encore, les designers visuels et sonores produisent des déclinaisons prudentes du même produit.

Armel Gaulme

A suivre

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