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La ruée vers l’or
10 septembre 2017
On parle beaucoup du terrorisme au Sahara, des révoltes touareg mais on oublie d’évoquer un phénomène qui date de quelques années, une véritable ruée ver l’or au Niger, à la frontière de l’Algérie et de la Libye.
Depuis quelques décennies, tout le monde cherche de l’or au Sahel, du Sénégal au Tchad parce qu’il y en a vraiment et que c’est une tradition régionale.
La rumeur
Au Moyen-Age, le Mali passait pour l’empire de l’or. Un des derniers épisodes les plus spectaculaires est la ruée (filmée) près de l’aéroport de Niamey lors d’un week-end en avril dernier : des familles entières se sont précipitées dans l’espoir de trouver le précieux minerai et repartaient avec des petits sacs de plastique pleins de sable pour le tamiser à la maison ! Dans ce cas précis, tout venait d’une rumeur mais il y a bien de l’or dans ces pays (Burkina Faso, Niger, Mali) qui en exportent officiellement.
A la même époque, plus de 2000 personnes ont envahi un site au sud près de Zinder et ont gratté le sol avec les moyens du bords, pelles, pioches et à la main pendant deux semaines. Les plus riches ont des détecteurs de métaux.
Tout ceci se passe dans la zone sahélienne, relativement arrosée et densément peuplée, pas au cœur du désert.
L’or du Sahara
Mais le plus inattendu est que les Touareg eux-mêmes se mettent à chercher de l’or en plein Sahara ! L’effervescence dans cette recherche serait aussi entretenue par des légendes sur les trésors laissés par des pharaons noirs de l’antiquité au cœur du désert.
Deux villes nouvelles se sont créées spontanément dans le Ténéré et l’Aïr, sur deux sites aurifères, le Djado et Tchibarakaten, découverts en 2014 par des géologues.
Prospection
Au cours des dernières décennies, les gouvernements du Mali et du Niger avaient pour la première fois accordé à de grandes sociétés étrangères (Chine, Australie..etc) des permis de prospection minière. Mais l’instabilité due à la présence d’islamistes armés et d’insurgés touareg a empêché leur développement.
On connait très mal la réalité quotidienne de cette ruée vers l’or qui implique pourtant des milliers de personnes. Les informations sont généralement indirectes : les géographes français ont commencé à travailler sur cette question et l’article le plus complet est celui d’Emmanuel Grégoire et Laurent Gagnol dans la revue Echo Géo [1].
Des villes sorties du sable
D’après ces derniers, ces villes, ou plutôt ces bidonvilles, sorties du sable, regroupent les chercheurs et tous ceux qui répondent à leurs besoins élémentaires : logement, accès à l’eau, produits alimentaires, santé. Au Djado, le site principal est devenu une véritable ville avec un marché, des commerces, des centres de soins privés, des citernes d’eau et des générateurs électriques ! La plupart des mineurs sont des Nigériens auxquels sont venus se joindre des étrangers. Un système complexe de transport et d’exportation de l’or s’est mis en place et le minerai qui existe bel et bien est traité par des grossistes qui l’achemine par le Niger ou la Libye vers la péninsule arabique, la Turquie et l’Inde.
Effet apaisant
D’après Emmanuel Grégoire et Laurent Gagnol, cette activité est politiquement positive. Elle atténue la tension sécuritaire dans la région et détourne ceux qui seraient tentés par le terrorisme islamique pour des raisons économiques. Mais elle a un impact catastrophique sur l’environnement à cause de l’emploi de produits chimiques dangereux et socialement les conditions de travail sont absolument épouvantables et ne font l’objet d’aucun contrôle.
[1] "Ruées vers l’or au Sahara : l’orpaillage dans le désert du Ténéré et le massif de l’Aïr” www ://echogeo.revues.org/14933
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