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Baupinerie...

12 mai 2016


Allez, un sujet qui fâche ? Le harcèlement sexuel : Denis Baupin oblige. Ce qui est choquant, comme d’habitude, c’est que "tout le monde était au courant". Dans le monde politique comme dans l’Eglise, on savait mais on espérait que cela se dissolve dans l’air ambiant sans doute. Un peu de magie et hop ! Sous le tapis.

Pour commencer, il y en a partout du harcèlement sexuel : dans le métro les jours de pointe, les bus les jours de grève, les entretiens d’embauche chez les fleurons de l’industrie française, les journaux, l’université… Par où commencer car j’en ai plein ma besace ?

Entretien d’embauche

Je rencontre à un “pince-fesse” (le bien nommé) le patron d’une multinationale française. Pas le GRAND patron mais quelqu’un qui dirige le département le plus chic et prospère de cette entreprise dont la propriétaire a été mêlée ces dernières années à des procès pour “sucrage de fraises” outrancier. Bref, ce monsieur tout petit tout laid me glisse d’un air gourmand sa carte que je ne regarde même pas. Finalement, il revient à la charge, toujours très urbain, et me parle d’un poste à pourvoir qui m’irait comme un gant d’après ce qu’il croit savoir de moi. Là j’entends le nom de sa société et je manque de tomber de ma chaise. Du lourd, genre “proposition que l’on ne peut pas refuser” !

Poste de rêve

On discute un peu et il me dit de l’appeler à son bureau et d’envoyer un CV. Il me fera faire le tour des personnes avec qui je devrai travailler et ensuite je viendrai déjeuner avec lui pour faire le point. Je suis le programme à la lettre et j’ai de très bons contacts avec mes peut-être futurs chefs directs qui se disent enchantés de me voir rejoindre l’équipe. J’ai des ailes aux talons et c’est quasiment en apesanteur que je me rends au déjeuner avec M. Rougon-Macquart (non, c’est pour rire, ça c’est Zola, mais il avait un nom double comme ça, gros bourgeois du XIXe siècle).

A la Baupin ?

Le déjeuner a lieu au restau du siège, dans une petite salle-à-manger discrète et pour une raison que j’ignore (c’est mon côté “pauvre gourde”), il revient sur ce merveilleux hasard qui nous a fait nous rencontrer. Moi, cool as a cucumber, je relativise sur le thème “finalement c’est souvent comme ça que les choses se font”. Mais il insiste le petit tout laid et finit par dire “Oui, cela doit vous arriver souvent que l’on vous fasse des propositions. Une femme, une très belle femme… ”. Toujours dans ma bulle, je balaye tout ça comme on écarte une mouchette, je suis venue parler boulot, comment moi journaliste je vois mon futur poste d’attachée de presse . Mais il continue sur ce thème d’un hasard merveilleux, de cette rencontre, et du risque de tomber sur des hommes qui auraient des idées à la Baupin.

Baisemain et plus

Je laisse filer jusqu’au moment où, bêtement, je l’interromps : “oui, c’est vrai. Les femmes, quelles qu’elles soient, sont trop souvent victimes de propositions ou de gestes déplacés”. Il me regarde au bord de l’extase et je poursuis : “D’ailleurs cela m’est arrivé récemment”. Il salive et veut savoir la suite. Je hausse les épaules : “Une tentative de viol n’a rien de bien excitant mais vous savez, avec ma taille, si je ne suis pas d’accord, cela se termine très vite.” Aucun souvenir de la fin du repas sauf qu’à mon départ, il me fait un baisemain qui part du coude et finit aux ongles. Une longue bave molle qui me fait me précipiter au café du coin pour me laver.
Je n’ai plus jamais eu de nouvelles du poste malgré l’assurance de la directrice des RP du groupe que c’était plié.

Toi aussi, belle Alice ?

Si en fait, j’ai eu des nouvelles : des années après, j’ai raconté mon histoire à un ami qui travaille dans ce groupe et il s’est écrié “Rougon Macquart ? Non, ce n’est pas pour toi : il aurait été collé à tes fesses en permanence. Ce poste c’est comme ça et tout le monde le sait. Ce qui est drôle c’est que tu l’as menacé sans le savoir de lui mettre un pain s’il s’approchait !”
Deuxième épisode : je rencontre la très ravissante attachée de presse d’un grand magasin parisien, Alice de la Porte du Parc, un être évanescent avec qui je sympathise vaguement et qui me parle du poste qu’elle vient de quitter dans une grande entreprise …etc. J’articule “Ah, tu travaillais avec Rougon-Macquart ?” Mais oui, bien sûr. Un homme charmant. Un parfait gentleman.

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